C’est une suite de noms qui prêtent au rêve, ou qui du moins dénotent des réalités autres: à Carouge, dans le jardin de la Maison Baron – que l’on connaît aussi sous l’appellation d’«Embassy of Foreign Artists» – se déroulera durant tout l’été le Festival des possibles.

Ledit possible s’étant singulièrement racorni ces derniers mois, ça fait un vieux bien de le voir refleurir à l’air libre, qui plus est dans le format retenu cette année par la Maison Baron et les équipes du Rez-Usine: une grande main de cartes blanches distribuées à toute une série d’acteurs gravitant autour du site genevois – le Zoo, le collectif Cérès, les labels Cheptel ou 1000 Balles, etc.

Les neuf dates prévues promettent une profusion de découvertes et/ou de retrouvailles jubilatoires: l’étonnant attirail de Baby’s Berserk, musiques froides entrelardées de rythmes qui pompent (dimanche 11 juillet); Mr Marcaille, un homme-orchestre parfaitement gargantuesque qui vous roule dessus avec un violoncelle amplifié, une batterie minimaliste et un chant de pas-content (jeudi 22 juillet); ou encore Leopardo, des Fribourgeois dont on pourrait dire qu’ils ressuscitent le Velvet Underground, mais avec une Vénus portant Stetson plutôt que fourrure (jeudi 12 août).

On sera surtout particulièrement attentif à la paire d’as présentée par Bisque, un collectif enchanteur qui propage par ici les éruptions festives du pourtour méridional de la Méditerranée. Ça brasille, c’est plein de synthés qui fractionnent les quarts de tons pour vous tirer vers le sud et de rythmes qui fracturent les syncopes pour vous soulever les pieds du sol. Au programme du jeudi 5 août: Fairuz For Lunch, duo ad hoc (Gregory Dargent et Gabriel Vatchev) issu d’une résidence à l’Usine, et le fascinant Yunis – écoutez le tout récent Mulid El-Magnoun de ce musicien-artificier égyptien, sorti sur son propre label, Kafr El-Dauwar Records: c’est une musique-monde, ondulante comme une nuit musculeuse qui vaporiserait la grande bleue.