Publicité

Danitsa: «Mon nouvel album est un véritable couteau suisse musical»

Quatre ans après «Ego», la Genevoise Danitsa est de retour avec un second album. Treize titres composés entre Los Angeles, Genève et Zurich, pour un disque aux influences multiples et à l’attitude «punk solaire»

Avec «Sycle», Danitsa continue dans la veine «touche-à-tout» en explorant de multiples sonorités et styles musicaux.  — © Olivia Schenker
Avec «Sycle», Danitsa continue dans la veine «touche-à-tout» en explorant de multiples sonorités et styles musicaux.  — © Olivia Schenker

Eclaircie musicale dans le ciel gris de novembre: quatre ans après l’excellent Ego, c’est le grand retour de Danitsa. La Genevoise, qui a su exporter sa musique en dehors des frontières suisses, sort ce vendredi Sycle, un album composé sur deux années et demie, qui a traversé l’Atlantique et une pandémie. Et qu’elle qualifie de «couteau suisse musical» au vu de la façon dont elle puise à nouveau dans de multiples sonorités, d’Accra à Los Angeles, de Zurich à Tulum. Un album globe-trotter, aux featurings internationaux mais qui n’oublie pas ses racines et ses soutiens de toujours avec un hommage à Genève, sa ville de cœur. Petite révolution également: Danitsa s’essaie au français pour la première fois sur deux titres, La Bagarre et Dos cassé, elle qui a toujours préféré la langue de Shakespeare pour chanter ses émotions. A la veille du vernissage de son second album, Le Temps a rencontré l’interprète de Captain entre deux répétitions, quelques heures avant sa performance dans le cadre des Léman Bleu Concerts.

Le Temps: Votre dernier album remonte à 2017. Quel est le sentiment qui prédomine au moment de la sortie de «Sycle»?

Danitsa: J’ai l’impression de vivre un second accouchement. C’était beaucoup d’angoisse et de joie mélangées. Je me réjouis de pouvoir enfin partager ce bébé qui a mis deux années et demie à sortir. Je suis surtout impatiente de le faire écouter à mon public, avec qui j’ai eu peu de contact à cause de la pandémie. Ça sera enfin l’occasion de pouvoir lui faire découvrir ce sur quoi j’ai travaillé depuis tout ce temps.

Comment s’est déroulé ce travail en pleine pandémie?

La première année de covid a été très compliquée pour moi. J’étais paniquée par le virus et je me suis isolée pendant trois mois sans voir personne. J’ai donc mis sur pause l’album pendant tout ce temps, puis j’ai eu un déclic. J’ai réussi à dompter ma peur et je me suis mise à voyager. Je suis allée aux Etats-Unis, à Tulum (Mexique), à Accra (Ghana). Ça m’a permis de réfléchir à la manière de m’exporter, faire voyager ma musique, travailler avec des producteurs avec qui je voulais faire de la musique.

Est-ce que ces voyages ont influencé ce deuxième album?

C’est certain! Je suis comme une éponge, j’aime m’imprégner des couleurs, des paysages, des musiques, des gens qui m’entourent. Il y a donc un peu de tous les lieux que j’ai pu visiter dans Sycle. Ça m’a aussi permis de faire un véritable album international, avec plein de sonorités différentes. C’est une sorte de fusion de tout ce que j’ai pu vivre et entendre durant ces deux dernières années.

Comment s’est déroulé l’enregistrement?

On a commencé l’enregistrement en 2019. Je suis partie à Los Angeles avec mon frère et Miles Singleton, un producteur zurichois. J’ai eu la chance de pouvoir travailler dans le prestigieux studio Red Bull, où Kendrick Lamar et Snoop Dogg sont également passés. Le jour de ma première rencontre avec l’ingénieur du son, j’étais nerveuse et très impressionnée, mais il m’a finalement super bien épaulée et ça s’est très bien déroulé. A mon retour, j’ai réalisé que l’album n’était pas totalement terminé. J’ai donc continué à travailler dessus en Suisse, notamment avec mon label Evidence Music, avec qui j’ai fait beaucoup d’arrangements. Sycle s’est vraiment fait entre la Suisse et l’étranger.

Lire aussi: Danitsa, la soul sans la diva

Etait-ce important pour vous d’organiser la soirée de vernissage à Genève?

C’est sûr! Je suis Genevoise, pour moi c’est primordial d’offrir ce cadeau à ma ville. C’est là où Danitsa est née, j’ai commencé à l’Usine aux côtés de Little Lion Sound, j’ai joué avec plein de collectifs et j’ai écumé les scènes locales. C’est aussi une façon de remercier mon entourage et les gens qui me soutiennent depuis longtemps.

Vous avez par contre uniquement collaboré sur le disque avec des artistes internationaux. Aviez-vous la volonté de vous émanciper malgré tout de ce cocon genevois au sein duquel vous avez travaillé jusqu’à maintenant?

Pas vraiment, je pense que c’est surtout une question d’opportunités. J’avais envie d’un album plus «international». J’ai envoyé plein de mails à des artistes et des producteurs d’un peu partout, des Américains, des Ghanéens, des Anglais, des Nigérians… C’est Maverick Sabre, un artiste irlandais basé à Londres, et DEVA, une Madrilène, qui ont rapidement accepté. Mais c’était compliqué de travailler avec de nombreuses personnes différentes à cause du covid. J’ai quand même bossé avec des Suisses, notamment des Zurichois et des Genevois!

Au niveau style et inspiration, «Sycle» est dans la même veine éclectique qu’«Ego»…

Je continue de regrouper de nombreuses influences musicales sur ce projet, comme j’ai pu le faire sur Ego. Mais ce nouvel album, c’est aussi un nouveau cycle avec de nouvelles émotions, d’où le titre. C’est un recommencement, une nouvelle boucle, sans pour autant répéter ce que j’ai pu faire auparavant. Pendant longtemps, on m’a demandé quel était mon style, mon identité, et j’ai toujours eu du mal à répondre à cette question. Aujourd’hui j’assume ce côté «couteau suisse musical». Sycle, c’est du pop-rock, de la trap, de la soul, le tout teinté d’une attitude punk. C’est un album «punk solaire»!

Danitsa, «Sycle» (Evidence Music). Vernissage vendredi 26 novembre au Circus Club Geneva à 20h.