Chaque lundi de l’été, «Le Temps» vous raconte l’histoire d’un musicien qui a connu une carrière éphémère avant d’être redécouvert des années plus tard. Avec des destins singuliers et des albums cultes que le streaming permet enfin de (re)découvrir.

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Des Monks pas très catholiques

Il faudrait des centaines de pages pour dessiner le parcours de vie de Dave Bixby, ses quêtes religieuses, ses retraites spirituelles et son errance professionnelle. Pour le dire simplement: les choses ont dérapé très tôt chez lui, car il a eu le malheur de rencontrer le LSD en 1968, à tout juste 20 ans. «Cette drogue m’a emmené là où aucun homme n’était allé, et je n’ai jamais pu en revenir. J’aurais dû m’en tenir à la bière et à l’herbe. Trop de trips d’acide, pas assez de temps entre chacun, je me suis retrouvé en morceaux et incapable de communiquer avec qui que ce soit.»

L’Américain a alors rejoint un groupe religieux pour tenter de s’en sortir. Il dit y avoir été frappé par Dieu en pleine nuit, que les chansons sont ensuite venues à lui par dizaines. Il en a gardé douze pour pondre en 1969 Ode to Quetzalcoatl, un album plaintif, possédé, d’une tristesse insondable mais paradoxalement plein d’énergie. On pourrait facilement lui reprocher de jouer les anciens hippies en quête de rédemption avec sa guitare comme haut-parleur, mais c’est en fait bien plus que ça.

Chaque chanson est un chapitre qui rend hommage au Quetzalcoatl, le protecteur de l’humanité dans la civilisation précolombienne. Une foule d’émotions à fleur de sillons qu’il résume ainsi: «Le thème, c’est la plongée dans la foi pour sortir des ténèbres et marcher vers la lumière. Ce disque n’est clairement pas pour tout le monde.»

Suivront, après un second album sous le nom de Harbinger, sept années à vivre dans son bateau, dix autres dans une prairie de l’Arizona, tellement coupé de tout qu’il a appris les événements du 11 septembre 2001 avec une semaine de retard. Quelques piges comme prof de musique, aussi, avant un retour de flamme cette année et la préparation d’une tournée européenne qu’il peine encore à financer. Un obstacle à coup sûr mineur pour un homme toujours en grande forme et qui a su dériver sans jamais se perdre.