Dessine-moi Ravel en musique
Un jour, une idée
Pour son dernier concert jeune public de la saison à la salle Métropole, l’Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL) continue d’explorer les liens entre musique et création visuelle

«S’il te plaît, dessine-moi un mouton», demandait le Petit Prince dans le livre emblématique d’Antoine de Saint-Exupéry. Pour ce concert animé proposé par l’OCL le 29 mars prochain, le dessinateur Grégoire Pont ne dessinera pas d’ovin, mais son pinceau numérique voltigera aux sons de Ma mère l’Oye de Maurice Ravel. Très attaché à l’univers enfantin, le compositeur avait mis en musique plusieurs des contes de Charles Perrault. De la Pavane de la belle au bois dormant au Jardin féerique, ces cinq petites fresques orchestrales distillent l’univers enchanté des contes d’antan.
Mais écrire pour les enfants était aussi une façon pour le compositeur de s’autoriser une simplicité et d’entrer en révolte contre le goût de l’époque pour les harmonies compliquée. Préférant donc les couleurs modales à l'éclatement de la tonalité latent, Ma mère l’Oye est l’une des œuvres du répertoire les plus abordables.
Une approche rafraîchissante
De son côté, le dessinateur français Grégoire Pont, passionné par les œuvres des compositeurs du XXe siècle, s’est mis en tête de les rendre accessibles au jeune public. Ce fan de cinéma a passé dix ans chez Ubisoft à la réalisation de supports numériques éducatifs tournés vers la musique et les beaux-arts. En 2000, il participe aux master class du réalisateur Richard Williams (Qui veut la peau de Roger Rabbit, Le Voleur et le Cordonnier), qui lui permettent d’acquérir une grande fluidité dans son travail d’animation.
Résultat, le voici qui expérimente le dessin d’animation vidéo sur de la musique live. «Cinésthétique» est le nom de ce nouveau concept, qu’il développe maintenant depuis plusieurs années. Son approche rafraîchissante ainsi que l’humour et l’intelligence de ses animations ont totalement conquis les maisons d’opéra et les orchestres à travers le monde, qui font de plus en plus appel à son pinceau.
Du Concerto pour orchestre de Bartók, à La Mer de Debussy, Grégoire Pont surfe sur la vague de la musique moderne. En 2016, il a même conçu une expérience inédite pour une production de L’Enfant et les sortilèges de Ravel par l’Opéra de Lyon, utilisant une technique projetant ses animations sur les chanteurs et sur un écran géant de fibres d’argent. Quant à son animation de Ma mère l’Oye, elle est devenue l’un de ses plus grands succès, et tourne depuis plusieurs années dans tous les grands orchestres…
Raconte-moi Ravel, le 29 mars à 17h, à la salle Métropole, rue de Genève 12, Lausanne.