Dans un entretien qu’elle avait accordé il y a quelques années à l’altiste Julia Eckhardt, la compositrice Eliane Radigue disait: «J’ai rêvé d’une musique impalpable, irréelle, apparaissant et se fondant comme nuages dans un ciel bleu d’été.» Dans ce même entretien, elle indiquait aussi une attitude esthétique – valable tout autant pour elle, en tant que musicienne, que pour nous, public: nous devons «[…] mieux écouter pour entendre et connaître de fugitifs instants à être là, juste là.»* C’était une injonction à l’attention et, en effet, la musique de Radigue ne peut pas être écoutée d’une oreille distraite; mais, par chance, elle est tellement accueillante que s’y plonger nécessite le contraire d’un effort.