Justina Lee Brown, chanteuse hors norme à découvrir au Blues Rules Festival
La Suissesse de Lagos a préféré aux scintillements du showbiz nigérian l’âpreté de la musique du Mississippi. Une personnalité foudroyante à découvrir à Crissier ce vendredi
Quand Justina Lee Brown parle de ses prestations scéniques, elle évoque une énergie qui «dépasse les limites de son corps», ou les «esprits» qui la visitent et la quittent sitôt sa prestation terminée. «La scène est mon vrai «chez moi», décrète cette chanteuse atypique, juste avant de se produire dans une soirée privée à Zurich. Aujourd’hui, je ne suis ni Nigériane ni Suisse, mais juste une nomade. C’est pour ça que j’ai appelé mon nouvel album (à paraître en septembre) The Lost Child», reprend celle qui chante depuis qu’elle est en âge de parler. Aux côtés de Natalia M. King et de Lady Trucker, Justina Lee Brown est l’une des artistes de la soirée féminine de ce vendredi 2 juin, concoctée par le Blue Rules Festival en l’honneur du centenaire de la naissance de Jessie Mae Hemphill.
«Je suis une enfant des rues de Lagos. Ma mère est tombée enceinte à 17 ans et sa famille l’a mise à la porte. Elle vendait des sachets d’eau. Moi, je restais dans un coin et je gardais le stock dans une bassine en plastique pendant qu’elle vendait à la criée. Comme je m’ennuyais, j’ai commencé à taper sur la bassine avec un bâton et à chanter.» Les badauds s’arrêtaient, lâchaient des pièces. Petit à petit ses recettes dépassent celles de sa mère. Quelques années plus tard, l’adolescente, qui s’appelle encore Justina Ogunlolu, se fait passer pour une adulte et s’en va frapper aux portes des studios et des clubs. Sans domicile fixe, malmenée et abusée dès son plus jeune âge, elle a appris à se débrouiller. Sa maturité lui permet de donner le change. Sa voix fait le reste. Les années passent et sa cote grimpe, elle se produit régulièrement, enregistre. Son premier hit, Omo 2 Sexy, paraît en 2006. Un morceau afropop, au moment où le genre est sur le point d’exploser…