Johnny
Le rockeur a arboré un nombre de looks ou de coupes successives improbables. Bref rappel d’apparitions mémorables

Soyez sans crainte. Les chances sont raisonnablement hautes que dans quelques mois seulement fleurisse en France une exposition majeure consacrée à l’interminable carrière de Johnny Hallyday.
Notre hommage: Johnny, requiem pour un feu
Lire aussi notre revue de presse.
Sous vitrine, les fans pourront admirer une galerie extraordinaire d’habits de scène hallucinés un jour portés par l’idole, quand des clichés conteront ses coupes, moustaches, barbes ou rouflaquettes improbables. Simulation en quatre temps clés de ce que pourrait donner pareil étalage.
1961: costard noir, banane gominée et cravate
Le 21 septembre, Johnny donne son premier concert à l’Olympia. Depuis sa signature chez Vogue l’année précédente, il n’y en a plus que pour lui en France, malgré l’hostilité que lui témoignent la plupart des médias bien-pensants. C’est qu’en Hallyday, certains voient un sauvageon lourdement responsable du boucan qui s’invite maintenant dans les chambres des adolescent(e)s. Ce soir-là, costard noir satiné, banane gominée et cravate stricte au collet, l’idole joue ses tubes comme à coups d’enclume: «Laisse les filles» ou «Souvenirs, souvenirs». Emeute! Et la belle gueule de triompher, moue boudeuse et regard absent empruntés à son modèle total: Elvis Presley.
1979: Coton brodé et collier de nacre
Les yéyés et ses amusettes sont un souvenir pourrissant. Après avoir traversé en conquérant les sixties, enfilant successivement les habits de gendre idéal, de bon mari, de sex-symbol générationnel ou d’ami de la nation, Johnny renoue avec la geste rock primitive. Fini les smokings sobres, les chemises psychés ou les corsets médiévaux: place aux ensembles en cuir cintrés ou, encore, comme durant sa série de concerts donnés au Palais des Sports de Paris, à une tenue droit piquée au Elvis obèse des dernières années. Combinaison de coton brodée, fétiches colorés, collier de nacre portée ras: le «Joe» invente le personnage de «L’homme aux yeux de laser», moitié Homme qui venait d’ailleurs, moitié Pocahontas. Effet «waouh» garanti.
1991: coupe mulet, pantalon en cuir et débardeur
On peut citer une mode, même fugitive, et être certain que Johnny l’a un jour embrassée. Rockeur dur à cuir ou bohème hippie, ted, biker ou romantique, le chanteur s’est converti à cent styles différents, sans jamais en initier un seul. Au début des années 1990, il cherche cette fois à «casser son image» (tendance lourde, alors), se présentant comme un type bien ordinaire affligé d’une coupe mulet, d’une veste en denim délavée, ou, comme durant son concert donné dans le cadre de la Fête de la musique à Paris, d'un pantalon en cuir et d'un débardeur beauf. Loin, hélas, des tenues futuristes «à la Mad Max» qui nous avait autrefois amusées.
1998: crinière peroxydée et costard croco
Le siècle touche à sa fin, et Johnny «allume le feu» au Stade de France. Crinière et barbe immodérément peroxydées, costard en croco noir vernis comme emprunté à Lionel Richie et bijoux platinés partout, l’idole se fait pardonner le bomber rouge sang douteux porté cinq ans plus tôt au Parc des Princes pour ses 50 ans, et annonce l’apothéose déjà programmée: soit quatre décennies de carrière fêtées au pied de la tour Eiffel en 2000. Pour l’occasion, Hallyday dénichera une chemise bouffante dorée arborée sur pantalon imprimé noir et jaune que n’aurait pas dénigré Prince ou un quelconque maître tapissier. Johnny: l’homme qui a tout testé.