Ton Koopman: ses mimiques, ses gestes, son entrain infatigable. A 72 ans, le chef hollandais continue à défendre Johann Sebastian Bach. On lui doit une intégrale des 224 cantates enregistrées dans les années 1990 et 2000. Samedi soir à la Salle de Musique de La Chaux-de-Fonds, cette personnalité très attachante avait choisi quatre cantates liées au temps de l’Avent et de la Nativité (BWV 182, 62, 40 et 65). Très applaudis par le public, les membres de l’Amsterdam Baroque Orchestra & Choir ont paru à leur meilleur dans la seconde partie de la soirée, lumineuse, après une première partie un peu molle et inégale.

Flûtes à bec et hautbois «da caccia»

A elles seules, les interventions chorales sont splendides. A titre d’exemple, il faudrait citer le chœur d’entrée de la Cantate «Sie werden aus Saba alle kommen» BWV 65 (la quatrième œuvre inscrite au programme). Il y règne une atmosphère festive et bucolique. Cors, flûtes à bec et hautbois «da caccia» créent des sonorités particulières. Les entrées successives des basses, ténors, altos et sopranos suggèrent un mouvement fluide et continu. On admire la fusion des voix (sopranos, altos, ténors et basses) qui mettent par ailleurs en lumière toutes les lignes polyphoniques. A la fin de ce morceau, les voix et l’orchestre se rejoignent à l’unisson, ce qui donne un sentiment de plénitude. C’est la face la plus solaire de Bach, lequel n’a cessé de varier les formats et l’instrumentation d’une cantate à l’autre.

Le ténor Tilman Lichdi rayonnant

Les solistes vocaux ne sont pas tous aussi convaincants les uns que les autres. Tilman Lichdi se détache du lot: ce ténor allemand séduit la beauté de la voix et le rayonnement du timbre. Il varie les nuances et fait vivre la liturgie luthérienne avec naturel. Il se montre superbement à l’aise dans les redoutables vocalises de l’air «Christenkinder, freuet euch!» de la cantate «Dazu ist erschienen der Sohn Gottes» BWV 40. Klaus Mertens, lui, a paru plus en difficulté, surtout dans la première partie du concert (timbre un peu morne et fatigué). Heureusement, la voix a gagné en consistance au fil de la soirée, malgré certaines faiblesses persistantes. Le contre-ténor Maarten Engeltjes est un bon chanteur, quoique sa voix n’est pas aussi belle et épanouie (surtout dans l’aigu) que d’autres grands contre-ténors du circuit. La soprano Martha Bosch présente un joli timbre.

L’accompagnement instrumental est de qualité, en dépit de quelques écarts d’intonation et approximations de-ci de-là que l’on rencontre souvent avec les instruments d’époque.

La musique de Bach reste un miracle inouï, surtout lorsqu’elle est servie avec énergie comme ce fut le cas dans la deuxième partie de la soirée.


Prochains grands concerts à la Salle de Musique de La Chaux-de-Fonds:

Scharoun Ensemble de la Philharmonie de Berlin, Schubert et Jörg Widmann, di 22 janvier 2017 à 17h.

Récital de Louis Lortie, Portrait IV, Fauré, Debussy, Chopin (24 Préludes op.28), di 5 février à 17h. http://musiquecdf.ch/