Luthier pas comme les autres, Mark Wilhelm chasse les instruments spoliés sous le nazisme
Musiques
AbonnéL’âme, c'est ce bâtonnet en bois dans la caisse de résonance du violon, qui transmet ses vibrations dans tout le corps. Des sensations que Mark Wilhelm vit à travers son métier de luthier, et sa passion pour les instruments à cordes spoliés au XXe siècle

A Suhr, banlieue arborée d’Aarau (AG), un gigantesque noyer centenaire trône devant la grande ferme familiale aux volets verts. Les ateliers du luthier Mark Wilhelm y sont installés depuis toujours. Dehors, les potagers cohabitent avec la petite scène en bois en forme de coquille, qui, aux beaux jours, accueillent des concerts en plein air. Sur la grande table rustique, quelques chevalets – pièces maîtresses des instruments à cordes – attendent patiemment d’être remontés. Mark Wilhelm, accueillant, prend le temps de nous faire visiter les différents lieux de cette entreprise chaleureuse dans laquelle 12 personnes s’y affairent selon les spécialités. Il y a notamment Pema Tseten Nyama, d’origine tibétaine, qui fraise les touches et les cordiers pour la réparation des instruments. Après avoir été exilé en Inde durant plusieurs années, il a pu finalement rejoindre sa femme à Suhr en 2019, et Mark l’a intégré à ses ateliers. Immédiatement, on saisit la générosité du luthier et les vibrations paisibles qui ondulent dans cette maison.