Allez sur leur site et vous verrez la vie en gris et bleu. A droite d’un long ponton de bois central, des silhouettes de grues et d’usines se profilent sous de tristes nuages. Coté cœur, une barque jaune pointe vers des eaux turquoise sous un ciel clair. Le message est clair, renforcé par une phrase d’Epicure: «Il est plus doux de donner que de recevoir.» Une devise dont la grande majorité des mécènes sait s’inspirer. Pourquoi donc les personnes ayant hérité d’un lourd patrimoine ou fait fortune créent-ils une fondation? «Pour rendre un peu de ce qui nous a été permis de réaliser», entend-on souvent. La réponse de Francis et Marie-France Minkoff, qui fêtent les dix ans de leur fondation éponyme, ne fait pas exception à la règle.

Un allègement de la pression fiscale constitue-t-il une autre raison? «Avec 20% d’exonération d’impôts sur les sommes distribuées, on est très loin aujourd’hui des 100% pratiqués aux Etats-Unis. Ce n’est pas un argument suffisant.» Qu’est-ce qui différencie donc le mécénat que pratiquent les Minkoff? Son rayon d’action, ses choix et sa manière de procéder. Le couple a choisi la formule de la proximité. Il préfère se consacrer à des projets ciblés, ponctuels ou étalés sur le long terme, en contact avec les bénéficiaires.

Rencontres gratifiantes

«Nous aimons bien savoir où va l’argent et ce que les gens en font», expliquent les deux donateurs. Francis Minkoff est assez catégorique: «Avec le temps, nous avons appris qu’en soutenant de grands organismes, nous n’avons pas de visibilité ni de retour sur ce que nous donnons.» Le couple se concentre donc sur des actions culturelles et sociales ou dans la recherche médicale, dont ils peuvent rencontrer les interlocuteurs et suivre les parcours. «Cela nous permet de faire des rencontres magnifiques. Il est très gratifiant d’accompagner pas à pas des personnes qui nous intègrent dans leur démarche.»

Un exemple? «Un jeune homme sans père et sans moyen qui a pu, grâce à la fondation, réaliser son rêve de devenir pilote de ligne. Voir son bonheur et continuer de recevoir, aujourd’hui encore, le témoignage de son affection et de sa gratitude est particulièrement touchant.» Sur le plan social, le sujet des violences faites aux femmes, les problèmes d’exclusion et de réinsertion ou le travail des seniors font partie des préoccupations de la fondation. Du côté médical, le soutien se destine notamment à la recherche sur la transplantation d’organes et la maladie d’Alzheimer.

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La culture, elle, se divise entre les beaux-arts, la littérature et la musique, qui occupe une place centrale dans les parts du gâteau. Pourquoi donc? «Il y a eu trois violonistes de la famille Minkoff à l’OSR, à l’époque d’Ansermet.» Il n’est donc pas étonnant de retrouver les noms de Francis et Marie-France Minkoff aux côtés de la formation symphonique basée à Genève. «Nous finançons notamment les concerts de l’An depuis sept années. Il nous a paru évident de soutenir en exclusivité celui de l’anniversaire du centenaire quand il s’est agi de trouver un financement. Comme nous connaissons bien Sonya Yoncheva, tout s’est enchaîné naturellement.»


Concert anniversaire du centenaire de l’OSR, vendredi 30 novembre à 20h au Victoria Hall.