Certes, ce n’était que la pré-générale lundi dernier. Ultime moment où, derrière le plateau et dans la salle, on s’affaire pour régler les derniers détails. Dans cette ambiance de travail, le chef et le metteur en scène peuvent encore interrompre le spectacle pour peaufiner au maximum différentes dimensions – indications musicales, jeu de scène. Néanmoins, ce que nous avons pu voir et entendre du casting des chanteurs est de très bon augure. Pour La Bohème, cet opéra écrit par Giacomo Puccini entre 1892 et 1895 comme une ode au quartier latin de Paris, la mise en scène de Robert Bouvier – sans prétendre être révolutionnaire – fonctionne bien.

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Le casting, lui, essentiellement local, rend justice aux nombreux talents lyriques qui se trouvent en Suisse. En premier lieu la soprano italo-suisse Laurence Guillod dans le rôle de Mimi. Le timbre est charnu, avec une palette dynamique allant sans effort du pianissimo au fortissimo. Pour lui donner la réplique, le ténor espagnol Javier Tomé remplace apparemment au pied levé son collègue malade. On sent une grande maîtrise du rôle, la voix sonore est idoine pour Rodolfo.

Un chef calme mais ferme

Léonie Renaud, dans sa robe Belle Epoque, croque l’exubérance de Musetta à pleine voix. Le jeune baryton Alexandre Beuchat – originaire de Delémont – dans le rôle de Marcello, avec sa technique impeccable et sa voix de bronze, est assurément un talent à suivre de près. Quant à Rémi Ortega en Schaunard, il dévoile de beaux moyens. Dans la fosse, un Facundo Agudin calme mais ferme corrige avec précision les musiciens. Il faut dire que la partition de Puccini est redoutable: aucune mesure n’est semblable à la précédente.

C’est au chanteur Ruben Amoretti que l’on doit ces initiatives opératiques à Neuchâtel depuis plus de vingt ans. La basse originaire d’Espagne – que l’on retrouve dans cette production dans le double rôle de Colline et à la direction artistique – est un habitué des plateaux internationaux. Il avait fondé en 2001 l’association Lyrica Opéra pour promouvoir le répertoire lyrique dans la région. De cette initiative sont nés un chœur amateur et un chœur d’enfants, tous deux mis à contribution pour cette œuvre emblématique du compositeur italien, et ni le premier ni le second ne déméritaient dans cette pré-générale.


La Bohème, Théâtre du Passage, Neuchâtel, les jeudi 23 et vendredi 24 février à 20h, le dimanche 26 à 17h.