Pendant l’été, «Le Temps» raconte l’histoire d’un musicien qui a connu une carrière éphémère avant d’être redécouvert des années plus tard. Avec des destins singuliers et des albums cultes que le streaming permet enfin de (re)découvrir.

Episodes précédents:

A la fin des années 1960, la baie de San Francisco devient soudainement l’épicentre mondial des musiques électriques. A la suite du Summer of Love qui, en 1967, a marqué l’avènement du mouvement hippie, de nombreux groupes vont, le plus souvent sous l’influence du LSD, réinventer la grammaire rock en explorant plus en avant les territoires psychédéliques déflorés par le fondateur Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles. Ces groupes ont pour nom Grateful Dead, Jefferson Airplane, The Charlatans ou Quicksilver Messenger Service.

Au début de la décennie suivante apparaît à Oakland un collectif empruntant son nom à la mythologie égyptienne: Sons and Daughters of Lite. Emmenée par le saxophoniste et flûtiste Basuki Bala, la formation puise dans le jazz, la soul, le funk et l’afrobeat – Bala a séjourné en Afrique et joué aux côtés des légendes Fela Kuti et King Sunny Adé – pour proposer une fusion qui peut s’écouter comme une synthèse hallucinée du tropicalisme et du psychédélisme. C’est en 1978 que sortira finalement le premier et unique album du groupe. Quelque mille copies de Let the Sun Shine In sont pressées, mais au lieu de la gloire espérée, l’histoire du groupe californien s’achève brutalement – même si tout cela reste néanmoins obscur puisqu’on ne trouve que très peu d’informations sur ces Sons and Daughters of Lite.

Vers le milieu des années 1990, voilà que le DJ franco-suisse Gilles Peterson, qui avec son label Talkin' Loud devient à Londres l’un des papes de la scène acid jazz, commence à jouer la musique des Californiens. Let the Sun Shine In devient un objet collector que s’arrachent les collectionneurs, avant d’être finalement réédité en 1999. Quant à Basuki Bala, il est toujours resté actif. Aujourd’hui membre des Caribbean Allstars, on le trouve même sur Facebook, où on apprend qu’il habite à Corte Madera, au nord de San Francisco.


Prochain épisode: Jim Sullivan.