Yverdon, capitale en exil du jazz new-yorkais

Quand on a enfin compris comment écrire NoVa JaZz, dans le bon ordre des majuscules et des minuscules, on se rend soudain compte que même eux, ceux qui organisent ces concerts à Yverdon-les-Bains, oublient régulièrement les règles qu’ils ont eux-mêmes édictées. Cela dit quelque chose de cet esprit libertaire. Fondée en 2014, l’association investit toute l’année des espaces de la cité lacustre pour faire vivre le jazz. Plus encore, pour la troisième fois, NoVa JaZz est un festival qui, du 31 janvier au 3 février, s’invite dans cinq lieux. Avec cette année, une ligne résolument new-yorkaise.

Extraordinaire introduction, donc, à ce qui se trame aujourd’hui dans les rues de Manhattan et de Brooklyn; comment le jazz contemporain s’y est métamorphosé après y avoir été pratiquement inventé. On est déjà tout fou à l’idée d’entendre le pianiste Shai Maestro (31 janvier, Aula Magna), jeune prise du label allemand ECM; bien sûr, il y a du Keith Jarrett dans son lyrisme contenu, sa maîtrise des cadences, cet appétit de l’instant, mais il est surtout l’enfant surdoué de son temps, qui aurait écouté autant l’électronique que Bach.

De ces «Sounds of New York», comme est sous-titré le festival, on extraira aussi Ambrose Akinmusire (2 février, Théâtre Benno Besson). On se souvient de sa trompette ailée dans le giron d’un autre immigré à New York, Steve Coleman. Mais bien plus que cela, le natif d’Oakland développe depuis plus de quinze ans une écriture viscéralement panoptique, nourrie de violons, de rap, mais aussi d’une conscience politique qui ne semble jamais épuiser l’incroyable exigence musicale. Il vient à Yverdon en grosse formation.

Par ailleurs, en vrac, BigYuki, la multi-instrumentiste Jen Shyu, le pianiste Kevin Hays racontent eux aussi comment une ville, qui reste l’une des plus chères du monde et où les poches alternatives semblent migrer de plus en plus loin du centre, continue d’être magnétique pour les improvisateurs du monde entier. Enthousiasmant festival, quoi qu’il en soit, mené par deux musiciens activistes et professeurs au Conservatoire de musique du Nord vaudois: André Hahne et Clément Strahm.

NoVa JaZz, Yverdon-les-Bains, du 31 janvier au 3 février.