«On sortira mercredi, décapités mais debout»
Il fera 8 pages au lieu de 16, mais il sera dans les kiosques la semaine prochaine. «Oui, on sortira mercredi, décapités mais debout», indique Luz, dessinateur désormais rescapé. Charlie Hebdo sera tiré à 1 million d’exemplaires contre les 60 000 habituels, manière de dire qu’on ne le fera pas taire facilement, que deux kalachnikovs ne pèsent finalement pas si lourd face à une armée de crayons.
Pour délivrer ce message, le journal a reçu d’innombrables marques de soutien, propositions d’aide financière ou logistique, bulletins d’abonnement. «Dessinateurs du monde entier, envoyez des dessins à Charlie Hebdo ! Que le journal paraisse», lançait mercredi après-midi Chappatte sur son compte Twitter. «Finalement, je crois qu’ils n’auront pas besoin de nous. C’est très fort de faire ce numéro avec les survivants», estime le dessinateur du Temps .
La rédaction sera hébergée dans les locaux de Libération, comme ce fut le cas après l’incendie qui avait détruit ses bureaux en 2011. Et la plupart des grands médias hexagonaux se sont mis à disposition. De son côté, la société Presstalis, qui gère la distribution des journaux en France, a accepté de ne prendre aucune commission sur la prochaine diffusion.
Afin d’assurer la survie du titre à plus long terme, 250 000 euros vont être prélevés d’un fonds géré par les éditeurs de presse français, qui ont convaincu Google d’allouer la même somme. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a promis hier soir de débloquer une aide financière d’environ 1 million d’euros. En novembre dernier, Charlie Hebdo avait lancé un appel aux dons; le journal se vendait aux alentours de 30 000 exemplaires là où 35 000 étaient nécessaires à son équilibre. Il n’avait récolté que quelques dizaines de milliers d’euros.
Hier sur Internet, le dernier numéro du titre et celui intitulé Charia Hebdo se monnayaient très cher, de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros (lire en page 8). EBay promet de reverser les commissions à l’hebdomadaire…