Patrick Swayze, le corps des années 80
Décès
L’acteur américain est décédé, à l’âge de 57 ans, d’un cancer du pancréas, dont il était malade depuis 20 mois.
Un corps, essentiellement. Et tout ce qu’on impute aux années 80 de propre, sain et musclé, tout ce que l’Amérique a pu fantasmer du prince charmant, dans ce corps-là exactement. On ne se rappellera de Patrick Swayze ni pour son talent d’acteur ni pour sa filmographie, dont force est d’admettre que, hormis les «sommets» qu’ont été «Dirty Dancing» (1987), «Ghost» (1990) et «Point Break» (1991), elle n’offre que peu à commenter. A peine se souviendra-t-on qu’il écrivait aussi des chansons, qu’il vivait dans un ranch avec chevaux et femme, cette dernière ayant été la sienne et la seule pendant plus de 30 ans, que le magazine People l’avait fait homme le plus sexy de l’an 1991, et qu’une fois ce pinacle atteint, il a eu – on voudrait dire «comme il se doit», c’est-à-dire pour un acteur de son profil – ses heures d’alcoolisme dont il s’est relevé, à l’américaine.
Il refait brièvement surface en 2001 dans un film marginal, «Donnie Darko», pour lequel il endosse avec l’autodérision de circonstance, un rôle taillé pour acteur «has been», celui d’un atroce conférencier en motivation et développement personnel. Rôle qui n’est pas – malheureusement, ironiquement – sans rappeler ses dernières apparitions télévisées, où il affichait sous des allures messianiques sa touchante résolution d’ignorer son cancer du pancréas pour mieux en venir à bout: «Suis-je en train de mourir? Suis-je en train d’abandonner la partie? Suis-je sur mon lit de mort? Suis-je en train de dire adieu à mon entourage? Il n’en est pas question. Je continue à rêver du futur, le futur d’une vie longue et saine, que je ne vivrai pas dans l’ombre du cancer, mais dans la lumière.»
On se rappellera donc ce corps, taillé pour les posters à punaiser au-dessus du lit, ce corps en mouvement plein de grâce, surmonté d’une mâchoire carrée et d’un brushing savamment rebelle. L’actrice Jennifer Grey, qui, dans «Dirty Dancing» a connu «The Time Of [Her] Life» dans les bras de Patrick Swayze, dira de lui qu’il était «un rare et beau mélange de virilité brute et de grâce extraordinaire». Le magazine People dira qu’il faisait fantasmer autant les hommes que les femmes. Ashton Kutcher (dont l’épouse Demi Moore tenait le premier rôle féminin dans «Ghost») dira sur Twitter: «RIP P Swayze».