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La peinture suisse au tournant du XXe siècle, entre art national et symbolisme

Trois musées s'associent pour donner une vision conséquente de la peinture suisse vers 1900. Première étape à Soleure

C'est un panorama diversifié du symbolisme pictural en Suisse que proposent conjointement, et successivement, les musées de Soleure, de Bellinzone et de Sion. Le prétexte en est certes le siècle écoulé depuis l'émergence du «style 1900», mais il était bienvenu pour amorcer une nouvelle étude de la version helvétique d'un mouvement européen, appelé ici Art nouveau, là Jugendstil et ailleurs Liberty.

Aux côtés d'artistes incontournables comme Ferdinand Hodler, Cuno Amiet, Giovanni Segantini et Giovanni Giacometti ou Paul Vallotton, s'inscrivent des peintres quelque peu oubliés, dont les meilleures œuvres ont été sélectionnées dans les collections publiques et privées de notre pays. Qui se souvient du Tessinois Luigi Rossi? Qui cite encore le nom de Augusto Sartori?

D'autres artistes, suivant Hodler, cherchent et trouvent dans la montagne la beauté sublime ou l'angoisse de la solitude, deux versants d'une même tendance à l'idéalisation. D'autres encore, tournés eux aussi vers le paysage qui est un motif privilégié des symbolistes suisses, tendent à le simplifier, jusqu'à l'abstraction: le Genevois Alexandre Perrier fait miroiter le Léman, Augusto Giacometti zèbre les montagnes de coulées blanches, alors que Vallotton embrase un ciel uniforme.

Robustes Suisses

On le voit, la présentation de la période 1900 dans la peinture suisse est riche en implications de toutes sortes et de sujets possibles de réflexion. L'un d'eux tient dans la notion de «peinture suisse», autrement dit d'art national. Jusqu'à quel point Hodler, qui fut célébré pour avoir régénéré certains sujets patriotiques (le Guillaume Tell du Musée de Soleure, daté de 1896-97), alors que la peinture d'histoire était moribonde, jusqu'à quel point Hodler ouvrit-il la voie à une manière suisse, à un style suisse? L'image du robuste Suisse aux «corpulences noueuses» n'est sans doute pas l'aspect le plus novateur de l'art de Hodler et ce n'est pas non plus cet aspect qu'en ont heureusement retenu ses épigones. Son ascendant s'exerça davantage, sur Amiet et Vallotton en particulier, à travers des procédés tels que le parallélisme ou le découpage des formes.

Et si la peinture suisse exposée aujourd'hui à Soleure, avant Bellinzone et Sion, n'est pas exempte d'une certaine lourdeur, au-delà des grâces Art nouveau, c'est aussi une qualité ou plutôt un défaut du symbolisme en général, qui amène l'artiste à charger ses compositions de multiples significations. Ce poids symbolique, qui courbe notamment le dos du bûcheron d'Edmond Bille («La Mort et le bûcheron», 1909), exerce un indéniable pouvoir de séduction, qui est celui du message poétique et existentiel des œuvres.

  1. Symbolisme et Art nouveau dans la peinture suisse.

Kunstmuseum (Werkhofstrasse 30, Soleure, tél. 032/ 622 23 07). Ma-ve 10h-12h et 14h-17h, sa et di 10h-17h. Jusqu'au 27 août.