C'est une affaire de regard, sans doute, qui fait le charme de ce récit, mais aussi de ton. A la fois distancié, d'une ironie légère, jouant sur le décalage entre un propos anodin et le caractère joliment précieux du commentaire. On peut ranger ce premier roman dans la famille de ceux dits «de formation». Un tout jeune homme, Herbert, prépare un concours, met en scène un spectacle, pense qu'il écrit un roman. Mais sa principale préoccupation se situe ailleurs, juste en dessous de la ceinture: les filles qu'il côtoie, parfois de très près, il n'en a pas vraiment l'usage. Loin de le désoler, on dirait que cette faiblesse lui paraît parfois une coquetterie de plus. Et tout le reste est à l'avenant. Est-il naïf, Herbert, ce jeune dandy de l'échec? Il réchappe, tout lisse, des ratages qui désespéreraient bien de nouveaux Werther. Il voit surtout dans ses mésaventures une matière romanesque. Un narrateur amical nous promène dans le film en noir et blanc, façon premier Truffaut, qu'est la pensée de son héros. Et quand Herbert s'en va vers le service militaire, «dans ce train en train de se voir», on se dit que celui qui écrit aujourd'hui regarde à travers le temps l'adolescent qu'il a été il y a vingt ans.
Publicité