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Pluie de vedettes sur les Eurockéennes

Ce week-end, le festival de Belfort a su habilement marier l'original et le populaire.

La preuve aux Eurockéennes de Belfort: le rock se porte aussi bien que l'industrie du bouchon d'oreilles! D'un côté, une armée de gladiateurs électriques (Garbage, Sonic Youth ou Ghinzu); en face, des spectateurs nombreux à se jeter sur ces protections en mousse. Il y avait 27 000 personnes sur le site de la presqu'île de Malsaucy vendredi au seuil de cette 17e édition, qui s'est achevée hier soir.

Dans le camp des forces obscures, Nine Inch Nails comme Interpol se sont imposés à la faveur de la nuit grâce à une tension admirablement contrôlée de leurs ambiances. Moins chanceux, Bloc Party a montré les limites d'une musique toute en coups de scalpel. Mais comment passer outre une acoustique si baveuse dans les variations du vent? En troquant le bistouri pour le rouleau compresseur! Avec les Queens Of The Stone Age (lire ci-dessus), qui ont prestement mis à genoux le public alors que, sous le chapiteau, Bloc Party finissait un set inégal. Cruelle juxtaposition, mais consécration pour les Queens et leur chanteur à la crinière rousse, sacré Lion de Belfort 2005.

Samedi, Garbage n'a pris aucun risque: répertoire aux allures de best of, postures «sex'n'roll» et un son entre superproduction américaine et… intervention divine. Quant à Amadou & Mariam ou Ghinzu, ils se sont chargés de maintenir une pression quasi constante jusqu'à l'arrivée de Cali. On peut être embarrassé, voire exaspéré par ses attitudes néo-humanistes, on ne résiste pas longtemps à sa générosité. On n'oubliera jamais comment il s'est laissé porter par ses fans de la scène à la régie et retour, tandis que son groupe étirait sur un bon quart d'heure la bande-son de cette traversée héroïque.

Au chapitre des curiosités, la reformation de Kas Product a mobilisé un bataillon de quadras à la fois intrigués et émus. Enfin, ici, le rock des Neuchâtelois d'Elkee a été considéré comme tellement bon qu'un quotidien local a douté de ses origines… Aux Eurockéennes, le rock aurait ses frontières.