Pro Helvetia a inauguré samedi à Moscou son cinquième bureau de liaison dans le monde. L’événement a été célébré à travers une longue soirée de performances, de danse et de théâtre sur l’une des scènes les plus courues de la capitale russe. Une foule distinguée, au sein de laquelle figuraient des personnalités russes, a rempli l’ElektroTheatre Stanislavsky pour écouter le compositeur et musicien Zurichois Simon Bertz, qui présentait un spectacle avec la compagnie Dialogue Danse (Kostroma), puis, en deuxième partie, les singulières contorsions du duo vaudois Delgado Fuchs.

Un peu plus tôt dans la journée, le président de Pro Helvetia Charles Beer, flanqué de l’ambassadeur Yves Rossier et de la directrice pour la Russie Anna Arutyunova, présentait aux médias locaux les grandes lignes de sa politique. «Nous allons solidifier les liens culturels entre la Russie et la Suisse. Il s’agit de les approfondir en portant la culture suisse non seulement à Moscou et Saint-Pétersbourg, mais aussi bien au-delà dans tout le pays», a expliqué le Genevois. Défendant le bilan de la fondation en Russie, il a rappelé que le programme «Swiss made» a déjà organisé 1000 événements en 4 ans dans 70 villes russes. «L’ouverture du bureau de liaison Pro Helvetia n’est pas un nouveau départ, mais une pérennisation. Nous avons la responsabilité de favoriser le rayonnement de nos artistes dans le monde entier.»

Artistes russes en résidence suisse

La fondation accordera désormais sa priorité aux arts visuels, au design et aux arts performatifs. Les écrivains bénéficieront d’aides pour la traduction de leurs œuvres. Pour rééquilibrer les vecteurs d’influence, Anna Arutyunova souligne que Pro Helvetia lance un programme de résidences permettant à des artistes russes de séjourner plusieurs mois en Suisse.

Pro Helvetia s’est aussi fait apprécier du monde culturel russe par son soutien financier pour le site colta.ru, à la fois une passionnante plate-forme de débats esthétiques et un portail exhaustif de l’actualité des créations contemporaines. Cette inauguration intervient dans un contexte de controverse, alors que des voix critiques en Suisse ont mis en doute le bien-fondé d’un effort culturel vers la Russie en période de vives tensions politiques. Le président de Pro Helvetia rétorque que la Suisse n’a jamais pris de sanctions économiques contre la Russie, contrairement à l’Union européenne et aux Etats-Unis. «Nous vivons sur un plan politique glissant vers davantage de souveraineté, or la culture rapproche des pays et des personnes éloignées. La culture, c’est le ciment entre les peuples», note Charles Beer, qui rêve de «Nations unies des arts».