Le public toujours plus âgé pour le classique en France
Musique Une étude pointe les insuffisances
L’âge médian du public des concerts de musique classique en France serait passé de 36 ans en 1981 à 61 ans en 2014, selon une étude de Stéphane Dorin, professeur de sociologie à l’Université de Limoges. Celui-ci a mené son enquête auprès de 5000 spectateurs de 110 concerts donnés par 19 orchestres.
«Les orchestres américains, qui dépendent davantage du financement privé, ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme sur le vieillissement et le rétrécissement du public», commente Stéphane Dorin. A titre d’exemple, le New York Philharmonic Orchestra vient de lancer une formule intitulée «Philharmonic Free Fridays», offrant 100 billets gratuits à des jeunes âgés de 13 à 26 ans pour ses 18 concerts d’abonnement de la saison 2014-2015, tous les vendredis soirs.
Elitisme en cause
En Europe également, de plus en plus d’institutions musicales cherchent à gagner de nouveaux publics. A Berlin, le Philharmonique a créé des «lunch concerts» gratuits en 2007 et son chef, Simon Rattle, a lancé des «Late Night concerts» en 2011 pour donner des œuvres modernes à 22h30. «C’est un public complètement différent de nos abonnés, beaucoup plus jeune que celui qu’on pourrait trouver dans une discothèque», constate Elisabeth Hilsdorf, cheffe des relations publiques des Berliner Philharmoniker.
Selon cette étude, plus de la moitié du public qui fréquente les concerts classiques a suivi une formation musicale et une grande partie est constituée de musiciens amateurs. Contrairement à une idée répandue, le goût pour la musique classique ne viendrait donc pas en vieillissant, mais se construit dans la jeunesse. «La musique classique souffre d’être coupée de la vie et réservée à une élite», estime Jean-Luc Choplin, directeur du théâtre du Châtelet à Paris et partisan du «métissage». «Elle ne survivra que lorsqu’elle sera proposée dans une offre variée, éclectique, intelligente, où on éduque et on ne méprise pas.»
«L’ouverture coup sur coup du nouvel auditorium de Radio France, de la Philharmonie de Paris en janvier 2015 et de la Cité musicale de l’île Seguin en 2016 est un challenge», juge de son côté Stéphane Dorin. D’où la nécessité d’innover, avec des formules comme les concerts «croque-monsieur» de 30 minutes de l’Orchestre Lamoureux ou les «concerts expresso» de moins d’une heure que s’apprête à lancer Radio France .