Qiu Jie. Galerie Leda Fletcher (rue du Pont-Neuf 4, Carouge, tél. 022/342 48 88). Ma-ve 14h30-18h30, sa 11-17h. Jusqu'au 18 novembre.
Qiu Jie, vers la source
Le peintre illustre le lien avec la Chine.
Qiu Jie, artiste chinois domicilié depuis dix-sept ans à Genève, présente à la galerie Leda Fletcher à Carouge un ensemble de travaux récents qui valent comme un bref récapitulatif de son parcours. On y trouve, notamment, les têtes de chat qui réfèrent à Mao, de même que la présence de la brique de lait, qui marque le décalage entre le passé chinois et le présent helvétique. De petites peintures, chargées de pâte colorée, renvoient au monde de l'enfance. La figuration, très colorée comme sur les affiches destinées à frapper les esprits, et accompagnée, comme sur celles-ci, d'idéogrammes, se mue en caricature.
L'artiste s'est construit une mythologie à partir de son vécu, là-bas, dans le pays du Soleil-Levant, un vécu ensoleillé, troublé et douloureux, qu'il revisite avec nostalgie et qu'il exploite avec, peut-être, un vague remords. Comme l'écrit Victoria Lu, du Musée d'art contemporain de Shanghai, dans le catalogue de l'œuvre, le peintre, «sous une apparence zen et paisible», est doté d'un «tempérament imperturbable» et d'une «ténacité parfois presque naïve», qui le conduisent à investir certes dans son travail, mais aussi, aujourd'hui, dans la promotion de celui-ci dans son pays natal. Les artistes chinois ont le vent en poupe et Qiu Jie en est un, qui a détourné le réalisme socialiste de ses fins de propagande et a teinté ses toiles de verve satirique. Son œuvre se veut une représentation poétique et ironique de l'histoire contemporaine, qui comprend l'histoire privée d'un être déraciné, que titillent ses racines.