futur antérieur
AbonnéL’émoi suscité en Occident par la récente reconversion de la basilique sise à Istanbul en mosquée risque, faute de pouvoir trouver une autre traduction, d’exacerber les antagonismes. En 1453, après la chute de Constantinople, le cardinal allemand Nicolas de Cues œuvrait à unir les croyants, au-delà de leurs différences, dans un traité lumineux

La sérénité millénaire des murs de Sainte-Sophie en aura peut-être été troublée, mais sûrement pas très surprise. Après tout, la basilique en a vu d’autres depuis le VIe siècle de sa naissance. Changements de nom, de foi, de statut: église, mosquée, musée, puis mosquée à nouveau. Le dernier en date a fait par ici l’effet d’une mauvaise surprise: voilà donc le bâtiment rendu au culte musulman, par un acte de volonté exprès du président turc. L’émoi est palpable à l’Ouest, quoique un peu diffus. Mais que peut-on vraiment reprocher à cette reconversion? Un croyant, quelle que soit son obédience, ne devrait-il pas se réjouir au fond de voir le majestueux édifice, dédié à la sagesse divine, enfin rendu au service de Dieu, au-delà du nom précis qu’on lui donne? L’Occident laïc se découvrirait-il soudain plus chrétien qu’il ne l’aurait cru, au point d’oublier ses principes d’ouverture?
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