Ce film ne révolutionnera pas le cinéma national, mais peut-être offrira-t-il un nouveau trophée aux tenants de la production populaire. Die Herbstzeitlosen est le premier film à passer sur la Piazza Grande, ce samedi, avec le court-métrage Rachel de Frédéric Mermoud. Deuxième long-métrage de Bettina Oberli, Die Herbstzeitlosen (littéralement, les colchiques, fleurs d'automne) tient davantage du téléfilm - sa source est d'ailleurs la TV alémanique. Hormis les bons sentiments de rigueur dans ce format, la jeune cinéaste offre une jolie, et rare, comédie de seniors.
Son mari mort depuis neuf mois, l'octogénaire Martha (Stephanie Glaser) se dépérit jusqu'à ce qu'une amie réactive sa passion d'antan: la confection de lingerie. Elle se met en tête d'ouvrir une boutique dans son village de l'Emmental, dominé par un politicien conservateur. Plus délicat, le fils de cette orfèvre ès dessous affriolants - incarné par l'émouvant Hanspeter Müller-Drossaart, omniprésent depuis son Mario Corti dans Grounding - est le pasteur du village... Bettina Oberli égratigne une Suisse de carte postale qu'elle espère voir «changer», explique-t-elle. Sa malice est de faire déclencher la révolte par les mamies. Une fraîcheur des vieux jours illuminée par la magnifique Stephanie Glaser, 86 ans, vedette de théâtre outre-Sarine, qui commença dans le cinéma avec Uli der Knecht en 1954. Une jeune star, assurément.