Elevée par une mère fanatique, Carrie White, adolescente craintive et solitaire, a le don de télékinésie. Lorsqu’elle a ses premières règles sous la douche, pensant qu’elle est en train de mourir d’une hémorragie interne, elle fait une crise de panique… Au lieu de la réconforter, ses camarades la raillent impitoyablement et la bombardent de tampax.

Punies pour ce comportement cruel, certaines filles du lycée décident de se venger. Si Sue, prise de remords, fait un cadeau à Carrie en lui prêtant son boy-friend comme cavalier pour le bal de promotion, Chris lui prépare un baptême public au sang de cochon. La violence du canular exacerbe la puissance métapsychique de la victime: ce n’est plus quelques ampoules que Carrie brise par la force de la pensée, mais les corps qu’elle disloque et le feu qu’elle déchaîne…

Carrie, la vengeance, de Kimberly Peirce (Boys Don’t Cry), est le remake de Carrie au bal du diable, de Brian De Palma, grande sensation en 1976 et première adaptation cinématographique d’une œuvre de Stephen King (172 autres ont suivi…). La réalisatrice reste fidèle à son modèle. Comme elle est une femme, elle commence par montrer la naissance de Carrie, les douleurs de l’enfantement d’une mère fantasmant l’Immaculée Conception et tentée par l’infanticide post­natal, plutôt que de s’adonner au voyeurisme tel De Palma musardant dans le vestiaire des filles. Elle délaisse le split-screen, cette figure vieillie, au profit de quelques indices de modernité (smartphone, Web) qui ne changent pas grand-chose à l’intrigue.

Inoubliable Sissy Spacek

Effrayante à souhait, la merveilleuse Julianne Moore remplace Piper Laurie dans le rôle de la mère. En Carrie, exquise, proprette, rose et blonde comme une poupée, Chloë Grace Moretz (vue dans Hugo Cabret ou Dark Shadows) ne parvient pas à faire oublier la diaphane Sissy Spacek. Regard délavé, cheveux filasses, la comédienne originelle était autrement convaincante en fille martyre et mutante.

VV Carrie, de Kimberly Peirce (Etats-Unis, 2013), avec Chloë Grace Moretz, Julianne Moore. 1h40.