Elle est venue et elle a tenu sa promesse. Anne Teresa De Keersmaeker a subjugué comme il y a dix-neuf ans ici même, quand elle dansait sur des chansons de son idole Joan Baez – Once. Grâce à elle, ce week-end à l’Opéra de Lausanne, on a remonté le temps d’un pas espiègle, le seul qui convient pour ce genre d’ascension. Grâce à elle, on a accueilli l’hiver des jours avec le flegme d’un brahmane. Sur le rivage de sa danse et de sa vie, la chorégraphe flamande, 61 ans, s’est révélée, une nouvelle fois, magistrale de rigueur, inouïe de liberté. Tout près d’elle, en communion, le jeune pianiste russe Pavel Kolesnikov était au diapason, merveilleux sur les dunes des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach.