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Annulation des «Emigrants» à Genève: Krystian Lupa présente des excuses, mais regrette la décision

Après l’annulation de sa pièce «Les Emigrants» à quelques jours de la première à la Comédie de Genève, le metteur en scène polonais publie une lettre dans «Libération» pour «répondre aux allégations»

Krystian Lupa, 79 ans, répète à la Comédie de Genève «Les Emigrants» d'après un livre de W. G. Sebald. Le spectacle ne verra, hélas, pas le jour. — © Magali Dougados
Krystian Lupa, 79 ans, répète à la Comédie de Genève «Les Emigrants» d'après un livre de W. G. Sebald. Le spectacle ne verra, hélas, pas le jour. — © Magali Dougados

Le spectacle mis en scène par Krystian Lupa devait être le point d’orgue de la saison à la Comédie de Genève. L’annonce vendredi de l’annulation des Emigrants, d’après W.G. Sebald, «en raison de divergences sur la philosophie de travail entre la direction artistique du projet d’un côté et la direction générale et les équipes permanentes et temporaires de l’autre» par Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer, avait provoqué un séisme dans le monde du théâtre. La direction invoquait en premier lieu l’épuisement psychique et physique des équipes techniques. La décision, rarissime, à laquelle s’opposent les comédiens, entraîne une perte de quelque 900 000 francs en grande partie à la charge de l’institution. Après la Comédie, la pièce devait être présentée au Festival d’Avignon, avant une tournée européenne.

Lire aussi: Stupeur à la Comédie de Genève: l’annulation des «Emigrants» de Krystian Lupa fâche la troupe

«Je souhaite répondre aux allégations formulées à mon encontre par l’équipe technique de la Comédie de Genève à propos d’un comportement dépassant l’éthique de la collaboration artistique», écrit Krystian Lupa dans une lettre publiée par le quotidien Libération sur son site. Il indique que «deux incidents» au cours des dernières semaines «peuvent être retenus».

Invité «avec sa méthode de travail»

Le révéré metteur en scène polonais de 79 ans convient d’une part avoir eu une «réaction très violente à l’interruption inattendue de la traduction par la traductrice Agnieszka Zgieb» et qu’il n’aurait «pas dû réagir de cette façon». D’autre part, il cite sa réaction lors d’une répétition concernant un problème de lumière: «Je n’aurais pas dû élever la voix, parce que je n’approuve pas moi-même de tels comportements.» Krystian Lupa présente ses excuses, mais dément toutefois dans les deux cas avoir prononcé des «mots offensants» ou des «insultes».

Quant au différend qui semble l’opposer à l’équipe technique de la Comédie de Genève, il commente: «je pense que le théâtre, lorsqu’il invite un metteur en scène étranger, l’invite avec sa méthode de travail, à laquelle les équipes devraient au moins essayer de s’adapter.» Et de regretter l’absence de tentative de discussion et de négociation.

Interrogé par la RTS, le conseiller administratif en charge de la culture à Genève Sami Kanaan, indique comprendre l’annulation, malgré la perte financière: «Je pense que le respect de la personnalité n’est pas de l’argent dilapidé. Le harcèlement, quelle que soit sa forme, est intolérable.» Selon lui, «des comportements qui paraissaient acceptables il y a encore cinq ou dix ans ne le sont plus aujourd’hui».