Daniel Hellmann est à la fois très spectaculaire et très informé. Dans Dear Human Animals, sous les traits de la vache drag-queen Soya the Cow, l’artiste et activiste dresse un bilan glaçant de l’industrie animale avant de se lancer un défi: convaincre le public de devenir végane, sinon, il boit une bouteille de lait.

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Mercredi, il n’a pas réussi son pari avec les spectateurs genevois du Théâtre Saint-Gervais, mais le lait qu’il a bu, il l’a obtenu avec le consentement filmé de sa productrice qui allaitait. On vous laisse donc imaginer d’où il venait…

Porcherie suisse sous la loupe

Depuis sept ans, le chanteur zuricho-berlinois est très impliqué dans le combat contre l’exploitation des animaux. Dans son show, il dévoile des images volées d’une porcherie suisse high quality où l’on voit des cochons condamnés à une nuit perpétuelle et parqués dans des cages si petites qu’ils peinent à respirer.

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Daniel Hellmann nous rappelle aussi le destin éphémère des poules de batterie dont la vie est calibrée à trente jours avant exécution ou, plus déchirant encore, le sort des vaches à qui on enlève leur veau pour l’industrie laitière. «On oublie que les vaches, comme les animaux humains, n’ont de lait que lorsqu’elles ont un enfant à nourrir. Vous savez que les vaches crient et pleurent de vraies larmes quand on leur retire leur veau?» questionne l’artiste sous ses cornes magistrales et dans son bikini à imprimés bovins.

Carlos, le poulet boosté

Car, et c’est son charme, Daniel Hellman est aussi chanteur et performeur, ce qu’il prouve avec talent lorsqu’à la fin du spectacle, il enchaîne les titres de Purple Grass, l’album électro-pop que ce baryton basse vient de composer.

On y entend la tristesse de Rosa la poule qui a perdu Carlos, son poulet et compagnon, sauvé in extremis d’une batterie, mais dont l’ADN avait été trafiqué pour qu’il prenne du poids massivement et rapidement, ce qui l’a étouffé. Et on y entend aussi le blues du 1,5 milliard de vaches sur la planète qui, depuis 10 000 ans, sont «exploitées pour leur peau, leur force, leur viande et leur lait». «Unbreed me!» implore Soya au micro. «Arrête de m’élever, laisse-moi en paix!» revendique-t-elle.

Un «meuh» libérateur

Autant dire que Daniel Hellmann ne manque pas d’arguments pour convaincre le public qui assiste, touché, à ce réquisitoire sans appel. «Ce sont des faits, pas des hypothèses», insiste l’activiste qui finit par beugler sa peine et son impuissance avec traduction de ses pensées sur l’écran. Car, et c’est la conclusion un peu veule de cette soirée: même très informé et à quelques exceptions près, le public, dont la signataire de cet article, ne s’est pas converti au véganisme. Par contre, nous avons tous beuglé en chœur avec Soya qui, bonne joueuse, ne nous a pas encornés.


«Dear human animals», ce soir le 16 février, Théâtre Saint-Gervais, Genève