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«Big Crunch», ou les choses de la vie

Créée l’an dernier à Lausanne, la comédie musicale romande racontant l’histoire de quatre millennials est mue par une formidable montée en puissance dramatique

«Big Crunch». — © Laura Gilli / Cie Silence in the Studio
«Big Crunch». — © Laura Gilli / Cie Silence in the Studio

En cosmologie, le Big Crunch est une sorte de Big Bang inversé qui verrait un univers se contracter après une phase d’expansion. En gros, un intempestif Big Crunch pourrait tout bonnement marquer la fin de l’univers. Plus prosaïquement, un crunch est aussi, sinon un coup de foudre, une irrésistible attirance. Comédie musicale romande écrite par Daniel Vuataz et Renaud Delay – le premier est écrivain et membre de l’AJAR (Association des jeunes auteurs romands), le second pianiste et cofondateur avec Aude Gilliéron de la compagnie Silence in the Studio –, Big Crunch parle justement d’attirance, d’expansion et de l’impossible permanence des choses.

Créée il y a un an et demi au 2.21, à Lausanne, Big Crunch a été reprise il y a deux semaines à Servion, chez Barnabé. Sur le papier, le spectacle était intrigant, à défaut d’être excitant. Il évoque la génération des millennials à travers le destin de deux filles et deux garçons qui, après leur rencontre dans un bar et un voyage fondateur, vont se jurer de rester amis pour la vie. Mais la vie, forcément, les séparera, même si les nouveaux moyens de communication leur permettront de garder contact.

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Musique fluide

Le début, la rencontre, provoque plus d’étincelles chez les personnages que chez les spectateurs. Puis viennent les chemins qui s’éloignent; les quatre amis investissent les quatre coins de la scène, ils parlent et chantent, parfois simultanément, parfois alternativement. Ils évoluent, ils vieillissent, ce qu’on éprouve véritablement. Le récit nous happe sans qu’on s’y attende, et il ne nous lâchera plus. Cette bande des quatre, que l’on suivra de sa prime vingtaine à sa solide trentaine, va ensuite voir une cinquième personne – le compagnon plus âgé d’une des deux filles – tenter de s’y faire accepter. Il faudra un drame pour qu’il y parvienne.

Musique minimaliste (un piano, un violoncelle) et fluide, tellement que parfois on l’oublierait presque, livret très fin et parfaitement ancré dans le réel, comédiens au diapason, mise en scène pragmatique jouant joliment avec un décor restreint: Big Crunch est une comédie musicale qui ne cherche pas à en mettre plein la vue, mais qui, mue par une tension dramatique croissante, finit par bouleverser.

«Big Crunch» , de Daniel Vuataz (livret) et Renaud Delay (musique), mise en scène de Frédéric Ozier. Avec Frédéric Brodard, Aude Gilliéron, Vincent Gilliéron, Constance Jaermann et Kim Nicolas.

Casino-Théâtre, Rolle, les 4 (20h) et 5 (19h) octobre; Théâtre Alambic, Martigny, le 10 octobre (19h30); Théâtre du Passage, Neuchâtel, le 6 février 2020 (20h).