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Cette année, le Festival de la Cité va déménager

Entre les spectacles engagés, voire enragés, et les afters endiablés, le rendez-vous lausannois promet de secouer. Départ en fanfare pour la nouvelle directrice Martine Chalverat

Dans «Heavy Motors», les acrobates de la SPPI proposent du tuning nouvelle manière. — © Festival circusbende
Dans «Heavy Motors», les acrobates de la SPPI proposent du tuning nouvelle manière. — © Festival circusbende

Rage, Violent, Violencia Rivas ou encore BodyBodyBodyBody. Chaque fois des spectacles puissants, physiquement et politiquement, qui visent à écarter les murs et vivifier la pensée. La programmation de ce 51e Festival de la Cité en témoigne: Martine Chalverat prolonge l’esprit frappeur de Myriam Kridi, précédente directrice, avec des projets «pluriels et innovants». En témoigne aussi «la meilleure programmation musique des festivals romands», s’enthousiasme un expert du genre, qui salue la qualité des concerts fédérateurs venus d’ici et d’ailleurs ainsi que des pépites inconnues.

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La Cité 2023, ce sont, du 4 au 9 juillet, vingt scènes réparties autour de la cathédrale de Lausanne dont une nouvelle, Le Balcon de la Mercerie, à côté du Gymnase de la Cité. Parmi les 168 représentations et concerts gratuits, 22 premières suisses pour 24 nationalités au total. On trouvera aussi 50 bars et stands, tandis que 100 000 festivaliers sont attendus et que le budget s'élève à 2,1 millions dont 43% viennent des subventions, 32% de dons divers et 25% des recettes des ventes de nourriture et de boissons.

Un puzzle passionnant

Impressionnée par le défi, Martine Chalverat? «Je trouve très excitant d’imaginer une offre qui conjugue tant de critères. D’un côté, il faut chercher le projet qui correspond au lieu (ou le lieu qui correspond au projet) et de l’autre, il faut veiller à ce que les scènes ne se parasitent pas au niveau du son et que les circulations entre les espaces soient aisées. C’est un puzzle passionnant!», répond la jeune femme qui a travaillé pour Fri-Son, à Fribourg, le Cully Jazz Festival ou Visions du Réel, à Nyon et a déjà démontré son habileté à «composer avec plusieurs services administratifs et partenaires». Une bonne chose, car, à La Cité, les autorisations à obtenir sont légion.

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«Voilà pourquoi, j’aborde aussi ce rendez-vous avec beaucoup d’humilité et je m’inscris dans l’énergie déjà impulsée», poursuit la nouvelle venue qui, en renfort de ses propres propositions dans le domaine de la scène, a repris les excellents programmateurs Joe Frailich et Gilles Valet pour la musique et Jonas Parson pour les arts vivants.

Rodéo mécanique

Pour quelle affiche? Beaucoup de corps, d’engagement et de mouvements. A l’image de Violent, spectacle «extrême et extrêmement contemporain» qui propose aussi bien du cirque ou du théâtre physique que du rodéo mécanique, des majorettes ou du kung-fu. «Un panorama des caprices de deux acrobates de la Société protectrice de petites idées, la SPPI, une compagnie française parmi les plus innovantes du moment», s’enthousiasme Jonas Parson. On pourra voir Violent, les 4 et 5 juillet, à La Châtelaine et apprécier la même compagnie dans Heavy Motors, une «voiture qui part en cacahuète» (les 6 et 7 juillet, à Plateforme 10).

Dans un esprit plus frondeur encore, Rage, de la Belge Emilienne Flagothier, prend une revanche sur le sexisme ordinaire. Les artistes queers ont observé les agressions dans la rue et y répondent avec un déferlement sans retenue. «Elles y vont à coups de sabre avec bruitage adapté, précise Jonas. C’est drôle, sanglant et libérateur!» (les 8 et 9 juillet, à La Châtelaine). Même énergie avec les Lambrini Girls, un groupe post-punk londonien dont les interprètes investissent la scène ou la salle «comme des furies», décrit Gilles Valet, «surpris et flashé» par la capacité de chaos du trio (le 5 juillet, au Grand Canyon).

Dans «Rage», les artistes belges explosent le sexisme ordinaire — © Margot Briand
Dans «Rage», les artistes belges explosent le sexisme ordinaire — © Margot Briand

Pour un temps soi peu est aussi un coup de cœur des programmateurs. Dans ce monologue donné les 4 et 5 juillet à la Place Saint-Maur, Laurène Marx raconte en détail sa vie de femme trans pour «remplacer les fantasmes par de la culture». Enfin, côté coup de griffe, notons encore Une Bonne Histoire dans laquelle Adina Secretan retrace l’infiltration de milieux activistes en Suisse au début des années 2000 (les 6 et 7 juillet, à la Place Saint-Maur).

Du doux et de la joie

Mais La Cité 2023, c’est aussi du doux et de la joie. Celle, communicative, par exemple, de la Nigériane Aunty Rayzor dont «la voix grave et le flow énergique» prônent l’amour et la tolérance en mode hip-hop et afro-house (le 8 juillet, à la Cathé sud). Et, dans le registre réconciliateur, comment ne pas aller écouter The Staples Jr. Singers venus du Mississippi avec leur magnifique soul gospel et dont le concert à La Cité est l’unique occurrence en Suisse? (le 9 juillet, La Châtelaine).

The Staples Jr. Singers et leur magnifique soul gospel ne feront qu'une date en Suisse — © Elizabeth Grace Martin
The Staples Jr. Singers et leur magnifique soul gospel ne feront qu'une date en Suisse — © Elizabeth Grace Martin

Douceur encore avec Construire un feu, «bulle en suspension» dans la cathédrale alors que tout gronde dehors (le 4 et 5 juillet). Et avec I’m not Giselle Carter, récit onirique où des figures subliminales croisent des voitures-ovnis. Ce spectacle envoûtera la Friche du Vallon et sollicitera des figurants lausannois (les 7 et 8 juillet).

Mais La Cité ne serait pas La Cité sans ses afters de folie à l’Usine Tridel emmenés, entre autres, par le duo singeli Sisso & Maiko, ses spectaclesjeune publicet une large offre de mets et de boissons en circuit court, donc respectueuse de l’environnement.


Le 51e Festival de la Cité, Lausanne, du 4 au 9 juillet.