Chahuté par le covid, le festival La Bâtie a sauvé l’essentiel
A Genève, des salles à moitié pleines souvent ont marqué une 45e édition qui a vu se succéder le sublime avec William Forsythe, des escapades mémorables et des figures dans l’air du temps parfois assommantes
Et si ce spectacle-là résumait l’esprit de cette 45e édition de La Bâtie? C’était jeudi dans les murs tout neufs de l’Usine à Gaz à Nyon. Les acteurs belges du Raoul Collectif invitaient à une Cérémonie. Planant au-dessus de la scène, un ptérodactyle métallique zieutait cette confrérie toquée. Des toasts pour des lendemains moins flous, des envolées de galopins lyriques, des accolades entre éberlués, comme si seul comptait ici le plaisir d’être là, de recoudre la fraternité de la nuit. Ces farceurs ont la souplesse des aristochats. Leur présence est en soi une fête et un symbole.
Car cette Bâtie a éprouvé notre désir de retourner dans les ruches de la fiction. Est-ce à cause d’un climat anxiogène, après dix-sept mois d’oscillation entre fermetures des salles et ouvertures sous haute surveillance? L’Usine à Gaz était loin de faire le plein, tout comme, surprise, le Théâtre du Léman où William Forsythe, figure magistrale de la danse contemporaine, présentait A Quiet Evening of Dance. De fait, le bilan officiel du festival note un taux de fréquentation moyen des théâtres de 78,5% et 24 500 billets vendus pour 66 événements. Le flou sur les règles en vigueur a sans doute pesé: les salles ont dû dans un premier temps sacrifier un tiers de leur jauge tout en obligeant au masque, puis le certificat covid a été imposé, ce qui a pu rafraîchir les enthousiasmes.