L’Amérique lui allait bien. Le Français Benjamin Millepied, 35 ans, va pourtant revenir à Paris, par la grande porte, celle de l’Opéra, où il succédera, dès l’automne 2014, à Brigitte Lefèvre à la tête du Ballet. La fonction est prestigieuse. Le chorégraphe et danseur dirigera quelque 150 (!) interprètes, capables de se fondre dans Giselle comme dans Rain de la très contemporaine Anne Teresa de Keersmaeker.
Pourquoi ce retour? A Paris, on parlait plutôt de l’étoile Nicolas Le Riche. Benjamin Millepied lui-même semblait privilégier une carrière de chorégraphe volant, à Londres, Moscou ou Genève (il y a monté Les Sylphides et Le Spectre de la rose avec le Ballet du Grand Théâtre en 2011). Après dix ans au sein du New York City Ballet, dix ans à aligner les rôles comme soliste, il aspirait, croyait-on, à autre chose: la création en bande – il a lancé sa compagnie à Los Angeles, phalange ouverte à tout; et des tête-à-tête sans fin avec ce cygne de Nathalie Portman.
Pour elle, il composait en 2009 la chorégraphie de Black Swan, le film de Daren Aronofsky. Depuis, ils dorlotent un petit Aleph. Alors, pourquoi tourner le dos à cette Amérique? Au New York Times, il raconte qu’il a été contacté à la mi-novembre par Stéphane Lissner, actuel directeur de la Scala de Milan appelé à prendre la direction de l’Opéra de Paris en 2015. «Je savais que le poste avait été mis au concours, je pensais que serait privilégiée une candidature maison. Mais le dialogue s’est avéré très stimulant.» Benjamin Millepied connaît le Ballet de l’Opéra pour y avoir signé deux pièces. Son ambition, dit-il, est de développer un répertoire contemporain, de stimuler aussi les vocations chorégraphiques. Dans Le Temps en 2011, il définissait son idéal: «J’ai fait des pas de deux toute ma carrière, ce qui est en soi un métier chevaleresque. Je voulais disparaître derrière mes partenaires pour qu’elles soient les plus belles possible.» Parole de cygne.