Un air de déjà-vu. Mais une promesse de renouveau. Le Genevois Frédéric Hohl reprend les commandes de La Revue, ce show qui est une institution et dont il connaît toutes les coulisses. Au début des années 2000, il en était déjà le producteur. La ville de Genève lui confie un nouveau mandat pour 2021 et 2022, avant que le Casino-Théâtre ne fasse l’objet de travaux.

Un come-back, donc, pour sauver un rendez-vous victime, l’automne passé, de la pandémie et affecté en 2019 par une baisse notable du public. Il y a quelques mois, Pierre Naftule, l’un de ses metteurs en scène historiques, déplorait d’ailleurs par voie de presse les dérives de ses successeurs.

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Bref, la satire a des allures de poulet déplumé. Choisis parmi sept candidats, Frédéric Hohl et sa société Nepsa promettent de la remplumer. Son équipe, qui compte Claude-Inga Barbey, Laurent Deshusses, Thierry Meury et Capucine Lehmann, a du répondant et du talent. Elle devrait se mettre au travail dès cette semaine, assure l’ex-directeur du comité d’organisation de la Fête des Vignerons.

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«Le Temps»: Pourquoi ce retour à «La Revue»?

Frédéric Hohl: Je l’ai toujours aimée. Enfant, je n’en manquais pas une. Dans le cas présent, des amis artistes m’ont poussé à me présenter. Ils n’ont pas eu besoin d’insister. J’adore ce type de spectacle, le seul qui soit subventionné et qui ait une finalité commerciale. Le seul aussi qui mélange dans la salle patrons d’entreprise, conseillers d’Etat, vendeurs et vendeuses de grand magasin, etc.

Votre équipe est aguerrie. Que peut-elle apporter de neuf?

La relève!

Comment cela?

A la Fête des Vignerons, chaque poste était doublé par un jeune en formation. Nous ferons de même pour La Revue. Le metteur en scène, le chorégraphe, le décorateur seront secondés chacun par un talent juvénile. Ce sont ces pousses qui prendront la suite au deuxième mandat, si nous sommes reconduits par la ville.

La Suisse romande est une pépinière pour les fines gâchettes du stand-up. Pourquoi ne pas miser aussi sur elles?

Nous le ferons. Mais La Revue suppose une palette de qualités qu’il faut acquérir. Il faut savoir à la fois jouer, danser, tchatcher. Les comédiens en début de carrière que nous intégrerons devront apprendre cette grammaire très particulière qui est celle de La Revue.

Qui signera la mise en scène? Claude-Inga Barbey? Laurent Deshusses?

Ce n’est pas encore décidé. Nous nous réunissons cette semaine pour commencer à écrire. Ce n’est que dans un deuxième temps que nous choisirons un metteur en scène et un chorégraphe.

Vos prédécesseurs, Laurent Nicolet et Antony Mettler, ont accumulé un déficit sur deux ans d’un peu plus de 200 000 francs. La subvention de la ville est de 335 100 francs et le budget prévu de 2 millions. Vous êtes condamnés à réussir?

Oui, même si nous comptons aussi sur des sponsors. Nous n’allons pas leur proposer de mettre de l’argent en échange de leurs noms sur les affiches, mais d’acheter des places, pour leur personnel par exemple. La Revue, c’est un vaccin contre la morosité que la crise sanitaire a entraînée.

Qu’est-ce qu’une «Revue» réussie? Un rire toutes les 15 secondes selon la formule de Pierre Naftule?

C’est un spectacle bien écrit, une comédie musicale qui empoigne des faits de société. Ce n’est en tout cas pas un show pour iPad. C’est un espace de plaisir contagieux. Avec au minimum un sourire toutes les 30 secondes. La bonne nouvelle, vu l’âge supposé de nos spectateurs, c’est que notre public sera vacciné.

Le public jeune est-il une cible?

Il serait démagogique de l’affirmer. Nous allons tenter de les attirer, en utilisant les réseaux sociaux où ils sont, Instagram et TikTok. Capucine Lehmann a des idées pour les intéresser. Les capsules de Claude-Inga Barbey ont aussi leurs adeptes dans la jeunesse. Mais on ne remplit pas le Casino-Théâtre pendant trois mois avec TikTok. L’essentiel de notre campagne de promotion sera tourné vers notre public traditionnel.


La dernière capsule en date de Claude-Inga Barbey: