L’acteur le plus heureux du monde s’appelle Joan Mompart. L’artiste romand prendra la succession de Fabrice Melquiot, en juin 2021, à la tête du Théâtre Am Stram Gram à Genève, l’une des plus belles maisons jeune public de Suisse romande, voire de la francophonie.

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Bonne pioche, donc? Et comment! Depuis 2012, l’auteur Fabrice Melquiot a transformé Am Stram Gram en caravelle merveilleuse, multipliant les haltes aériennes, à hauteur de songes parfois, au plus près, aussi, de ce qui tremble en chacun, autant de stations qui débroussaillent le pays de l’enfance. Il a fait ainsi fructifier l’héritage magnifique de Nathalie Nath et de Dominique Catton, cofondateurs de la maison.

De Fabrice Melquiot, on disait qu’il était irremplaçable. Mais Joan Mompart a de sacrés atouts pour reprendre le flambeau. Ses spectacles, à Am Stram Gram notamment, son discours surtout, ont su convaincre le jury composé de membres du conseil de Fondation de l’institution, d’une représentante de la ville de Genève et de deux expertes, l’autrice française Pauline Sales et la metteuse en scène fribourgeoise Gisèle Sallin.

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Un art d’amour et de contestation

Que leur a-t-il dit? Il n’a pas promis de révolution, trop admiratif, selon ses mots, du travail de ses prédécesseurs. «Mon ambition est qu’Am Stram Gram soit un partenaire de vie pour l’enfance et la jeunesse, confie-t-il au téléphone. Quand je considère mes propres enfants, je constate qu’ils débordent d’amour pour la vie et d’esprit de contestation. Contester est une façon d’aimer. Je voudrais créer un esprit d’agora qui accompagne les spectacles, que les spectateurs puissent venir discuter ici de ce qui les préoccupe et trouver un début de réponse, parfois.»

Ses forces? Un brio de metteur en scène qui ne se dément pas – tout récemment au Loup avec Je préférerais mieux pas de Rémi De Vos. Une joie de jouer qui enchante l’amateur depuis vingt ans. Un réseau, en France notamment, où ses spectacles tournent.

Le triangle des Eaux-Vives sera donc bien magnétique, avec la nouvelle Comédie, Am Stram Gram et le Pavillon de la danse à quelques pas chassés de là. «Nous avons déjà discuté avec Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer de collaborations», s’emballe le futur capitaine. Son ambition: professer une fantaisie dissidente. Les ailes du désir, celles d’un elfe passe-muraille.