Autour, quatre personnages pop et perruqués qui mitonnent en direct, hurlent leurs convictions idéologiques, enjambent les spectateurs, les arrosent de blanc d’œuf ou les gratifient d’un cocktail doucereux. Rien n’est «trop» dans cette mise en scène explosive de Dorothée Thébert et Filippo Filiger, qui semblent avoir fait un stage chez Marielle Pinsard ou Oscar Gomez Mata.
Incorporer délicatement la Lega
Le pitch? Armanda (Jeanne De Mont), le cœur à gauche, se rêve première ministre du futur gouvernement. Elle a réussi son pari électoral grâce à son amante et chargée de com, Delia (Zoé Sjollema). Les deux fêtent goulument leur succès dans un ancien baisodrome de Berlusconi et attendent Giosuè (Fred Jacod-Guillarmod), membre du même parti. Le hic? Giosuè débarque – et c’est vraiment le mot – avec Deledda (Angèle Colas), une créature de la Lega pour proposer une (in)fusion. La cohabitation tourne à l’amaretto et, sur fond de café (qui le fait, qui le boit?) et de duel de blancs d’œufs (lequel tient le mieux au fond du saladier?), les femmes s’affrontent, tandis que le mâle s’effondre.
Un brin sexiste, le texte de Matteo Emilio Baldi? Oui et non… C’est vrai que ce sont les donne qui battent du fouet et se déchirent, mais l’accent est surtout mis sur les similitudes entre dosages culinaires et compromissions politiques. Avec ce plus, l’émission de téléréalité filmée en direct, qui rappelle que la cuisine comme la politique se vend al dente à la télé.
Soirée survoltée
Surtout, la soirée telle que voulue par les metteurs en scène – le texte, lui, est assez sage–, surfe tellement dans les grandes largeurs, qu’on finit par oublier le propos au profit du flow. A ce jeu XXL, les comédiennes excellent dans les poses, les grimaces, les mini-chorégraphies et les apostrophes au public. Elles sont l’alcool fort de cette recette flambée.
Spaghetti bona fide, Poche, Genève, jusqu’au 14 avril puis reprise en mai.