Pendant longtemps, le metteur en scène Oscar Gómez Mata a orthographié son prénom avec un «k», revendiquant ainsi son origine basque. Réconcilié avec son passé, il a récemment remplacé le «k» par un «c».

Pendant longtemps, cet artiste majeur du paysage genevois s’est distingué dans la création, proposant des spectacles remuants, décapants, qui bousculaient le public et l’obligeaient à s’interroger sur ses vraies envies, ses profondes motivations. Mardi, au Théâtre Saint-Gervais, à Genève, Oscar Gómez Mata s’est illustré dans l’art de la récréation, proposant à un sympathique public une gentille animation. Rien de grave, mais on préfère nettement quand Oscar fait cas de son «k».

Psychodrame 3 marque le début des festivités du 50e anniversaire de la maison de Saint-Gervais. Un bâtiment aujourd’hui entièrement consacré au théâtre, après le départ du Centre pour l’image contemporaine. Et dont la scène brille, depuis le début de la saison, par la qualité de sa programmation.

Le parcours d’Oscar Gómez Mata est intimement lié à ce lieu dirigé par Philippe Macasdar, car c’est là, en 1997, que le fondateur de l’Alakran a présenté sa première pièce, Boucher espagnol, avant de devenir artiste en résidence et d’y créer tous ses spectacles jusqu’en 2006.

Psychodrame 3 débute d’ailleurs avec un facétieux hommage à cet ancrage. Esperanza López, fidèle collaboratrice de l’Alakran, se tient en coulisse. Elle actionne à tort et à travers le rideau de scène, dévoilant puis cachant anarchiquement un Oscar Gómez Mata déguisé en chanteur de charme. Au comique de situation s’ajoute le comique de parodie, lorsque le chanteur tance la fâcheuse. «Ouvrir et fermer un rideau est un travail facile qui va bien à une Espagnole, non?» lance-t-il en guise de clin d’œil aux incessants combats menés par Philippe Macasdar pour la reconnaissance de la pluriculturalité à Genève.

Après l’intro, exit le show. Transformé en animateur, Oscar Gómez Mata propose ensuite, et sans deuxième degré, un atelier d’expression libre en vue de réaliser son utopie: élaborer un spectacle avec le public. Il place son exercice sous le patronage de Brecht et allume la mèche réactive en montrant des images de répression policière lors de récentes manifestations madrilènes.

L’idée? Travailler sur la colère et permettre à l’audience de se libérer de ses mauvaises ondes en claquant deux portes que des complices ont précédemment fixées sur le plateau. Il s’agit aussi d’évacuer un «moi» abîmé pour accueillir un «moi» idéal. Bigre, il y a presque du Jésus dans cette manière charismatique de soigner les foules. D’autant que déguisements et slogans, affichés au mur ou déclamés au micro, s’ajoutent à la panoplie de cette thérapie-épiphanie. On sourit un peu, on bâille vite. Ce n’est pas nouveau: les catharsis collectives n’ont pas grande valeur esthétique. Psychodrame 3, Théâtre Saint-Gervais, Genève, jusqu’au 8 déc., 022 908 20 00, www.saintgervais.ch