Un maître du basket pour diriger le Béjart Ballet
Danse
Directeur de la Fédération suisse de basketball, le Vaudois Giancarlo Sergi sera dès septembre le directeur général de la compagnie de ballet et de l’Ecole-atelier Rudra Béjart. Un poste créé à la suite d’un audit révélant d’importants problèmes de gouvernance au sein de l’institution

C’était il y a neuf mois. Un épais rapport de 70 pages, conclusions de l’audit mené au sein de l’école et de la compagnie du Béjart Ballet Lausanne (BBL), dévoilait à l’automne 2021 les contours d’une maison en crise. Des tensions et dysfonctionnements entraînant la fermeture temporaire de l’école, le licenciement du directeur de production de la compagnie (pour cause de harcèlement sexuel) et une profonde remise en question. Le nœud du problème, selon l’enquête: des soucis de gouvernance et en particulier la «confusion des rôles et une distribution des responsabilités mal délimitée» au sein de l’institution, notait alors Solange Peters, présidente du conseil de fondation. La solution? Une réforme de l’organigramme du BBL, auquel viendrait se greffer un poste de directeur général, chapeautant celui occupé par Gil Roman – directeur artistique recadré mais maintenu à son poste.
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Un nouveau venu guetté comme le messie, ou le prince Siegfried du Lac des cygnes, tout juste élu… et plus familier du ballon que des chaussons: Giancarlo Sergi, 48 ans, président exécutif de la Fédération nationale de basketball. Un profil hors sérail, «neutre des contingences propres aux milieux artistiques», se réjouit Solange Peters. Et dont le parcours, jonglant entre sport et éthique, s’est démarqué parmi les «très nombreux candidats, venus de tous types d’horizons».
Economiste de formation, le Vaudois est titulaire d’un master européen en management des organisations sportives et d’un doctorat en bonne gouvernance, éthique et intégrité dans le sport. Depuis 2014, Giancarlo Sergi tient la barre de la Fédération Swiss Basketball, en difficulté organisationnelle et financière à son arrivée et qu’il a contribué à solidifier au fil de ses deux mandats. «Il a sauvé la fédération, résume Solange Peters. Tout en incarnant un leadership d’équipe bienveillant, accompagnateur, positif, très important pour toute institution culturelle aujourd’hui.»
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Calme et sécurité
Passé par le secrétariat général du Global Lottery Monitoring System, organisation mondiale luttant contre les fraudes dans les paris sportifs, avec à son actif des missions pour le CIO et l’UEFA, ce binational Suisse et Italien cochait d’autres critères primordiaux: «la connaissance du milieu, entre dureté de la compétition et charte éthique, mais aussi celle du tissu local, importante pour la recherche de sponsors notamment.» Quant aux compétences artistiques, «nous n’avions pas besoin de quelqu’un qui vienne dire à Gil Roman comment faire de la danse…»
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S’il sera dans les faits son supérieur hiérarchique, faisant office de contre-pouvoir, Giancarlo Sergi travaillera en duo étroit avec le chorégraphe, le premier mettant en pratique «de manière pérenne» le projet artistique du second. Aussi à l’agenda de Giancarlo Sergi, à la tête du ballet et de l’école dès le 1er septembre, la supervision des engagements, des salaires, des tournées – et la tâche centrale de nommer le futur responsable des ressources humaines.
Coordonner et surtout, fédérer. Avec cet espoir, pour le nouveau locataire de la rue du Presbytère: «Qu’il participe à remettre en place la structure la plus stable et efficiente possible, dans laquelle école et ballet communiquent, énumère Solange Peters. Du calme et de la sécurité. Bref, que tout le monde puisse dormir sur ses deux oreilles.»