Série TV
«Transparent», que montre la RTS, ennuie à bailler à force de pleurnicher sur des minorités diverses. Mais l’acteur Jeffrey Tambor sauve tout

On peut se décrocher la mâchoire à force de bailler devant Transparent, énième histoire de famille dysfonctionnelle que montre la RTS depuis lundi. Chaque personnage a son petit souci d’identité et en parle, en cause, en tchatche à n’en plus finir. L’anthologie de minorités sexuelles et sociales autorise des gémissements extravertis qui forment un feuilleton fort en matière de verbiages psychologisants. On se sent comme pressé d’éteindre l’écran, et aller papoter avec des gens moins geignards.
Sauf qu’il y a l’épatant Jeffrey Tambor. Lui qui offre l’une des plus émouvantes prestations dans une série récente. A 71 ans, en faisant bien moins, il incarne Morton, c’est-à-dire Maura. Le père qui est femme. Caché dans cette identité depuis des décennies, ne l’ayant d’abord pas acceptée, puis l’ayant vécue dans une clandestinité de soi-même. Et soudain, c’est le démarrage et le moteur de l’intrigue, qui décide de faire son coming out de femme assumée.
Face à la révélation de ce nouveau genre, les trois enfants du protagonistes, dont les préoccupations ennuyaient déjà, perdent la bribe d’intérêt qu’ils pouvaient présenter. Transparent est due à Jill Soloway, naguère créatrice de United States of Tara, et avant cela, scénariste pour Six Feet Under. Autant dire, des feuilletons qui représentent comme des usines à dysfonctionnements familiaux et individuels. Dans le champ des séries américaines, le registre des errances intimes se révèle sans fin.
Avec une transexualité, il y a d’emblée de quoi frémir, parfum de scandale, eaux troubles sur petits écrans. Commanditée par Amazon, la série comptait certainement cette tâche dans son cahier des charges, fût-ce implicitement; faire jaser. Et voilà qu’un acteur met par terre tout ce fatras psychologique par sa seule interprétation, par son humanité du regard. La parole faiblit parfois, la fiction est grande.