Pourquoi Simone de Beauvoir était-elle surnommée «le Castor»?

On ne naît pas castor, on le devient… Et Simone de Beauvoir l’est devenue par la grâce de Sartre, qui aimait l’appeler ainsi. Parce qu’il était Pollux, son jumeau d’esprit? Non, même si Castor et Pollux étaient deux éléphants mythiques et inséparables du Jardin des plantes, tués et mangés, à la fin de 1870, pendant le siège de Paris. Parce qu’elle avait le poil dru, de petites oreilles, de grands yeux et deux longues dents devant? Pas davantage. Parce que, chez ces petits rongeurs, la femelle est socialement dominante? Tentant, mais hors propos. Castor est le petit nom que René Gabriel Eugène Maheu, professeur de philosophie et attaché culturel à Londres, donna à son amie Simone en 1929 en pensant à beaver, castor en anglais, et qui se prononce presque comme Beauvoir. Surnom repris et popularisé par Sartre, qui tenait en estime les castors «qui vont en bande et qui ont l’esprit constructeur».

Pourquoi l’arobase (@) est-il utilisé dans toutes les adresses courriel?

On pourrait croire que l’arobase @ est un symbole très moderne, né avec Internet. Or il n’en est rien. La plus ancienne occurrence de ce logogramme date d’une lettre publiée le 4 mai 1536 par un marchand de vin florentin: on désignait par ce symbole une unité de volume de liquide dans une amphore, soit environ 12 litres d’huile ou 16 litres de vin. Puis il a été utilisé aux Etats-Unis comme abréviation du mot «at»: «deux pains à un dollar» s’écrivait alors «2 breads @ $1». D’où la persistance de ce signe sur les claviers de machines à écrire puis des premiers ordinateurs, quoiqu’il fût tombé en désuétude. Jusqu’à ce que Ray Tomlinson, l’inventeur du courriel en 1972, eut besoin d’un caractère typographique pour séparer le nom d’utilisateur du nom de domaine dans les adresses courriel. En déshérence sur les claviers, l’arobase s’imposa comme la solution idéale et trouva ainsi une nouvelle vie.

Pourquoi les cadenas d’amour existent-ils?

A Paris, c’est depuis le 1er juin 2015 que la municipalité a décidé de sévir contre les cadenas d’amour (photo AFP), ces signes d’attachement amoureux que les quidams accrochaient aux barrières du pont des Arts. A Genève, où aucune décision n’est jamais claire, ils sont autorisés, mais la municipalité les a retirés par erreur du pont de l’Ile. Bref: pourquoi cette coutume existe-t-elle? Pour les uns, elle remonterait à une tradition serbe de la Première Guerre mondiale et symboliserait un vœu d’amour fidèle dont on s’assurerait de l’éternelle valeur en le bloquant grâce au cadenas. Pour les autres, elle remonterait à une description de l’écrivain italien Federico Moccia dans son roman Trois Mètres au-dessus du ciel, publié à compte d’auteur en 1992, devenu toujours plus populaire parmi la jeunesse italienne et republié en 2004 chez Feltrinelli. D’autres villes et nations encore revendiquent ladite pratique, les Hongrois de Pecs, les Allemands de Cologne, mais la piste serbe semble la plus sérieuse.

Pourquoi plus on vieillit, plus les années passent vite?

A mesure que l’on avance en âge, on fait tous la même constatation: les années qui s’écoulent semblent le faire toujours plus vite. Les psys nous expliquent que plus on vieillit, plus le passé s’alourdit et plus le présent nous pousse vers l’avant. Une sorte de précipitation subjective dans la minute présente. Les biologistes pensent que la réduction, avec l’âge, de la production de dopamine influence l’horloge biologique. A quoi s’ajoute le stress, qui nous pousse à produire ses hormones spécifiques (cortisol et catécholamine), lesquelles nous plongent dans l’urgence. Certains neurologues suggèrent également que l’intensité émotionnelle liée à la découverte du monde s’émoussant, nous fonctionnons toujours plus en mode automatique où le temps fuit sans que l’on s’en aperçoive. Les philosophes susurrent que le vieillissement nous écartèle entre le passé, qui augmente, et le futur, qui nous angoisse: plus de disponibilité pour jouir du temps présent, qui du coup s’évapore. Et voilà pourquoi, dès août venu, c’est déjà Noël.