Treize à la douzaine (Cheaper by the Dozen) (USA 2003) de Shawn Levy, avec Steve Martin.
Steve Martin dépassé par le nombre
«Treize à la douzaine», remake réac d'un standard des années 50.
L'Américaine puritaine signe son retour avec Treize à la douzaine, une comédie qui selon les termes du réalisateur, Shawn Levy, se veut «un film sur la famille, la loyauté, les valeurs prioritaires». Jeune poulain formé à l'école d'Aaron Spelling (Beverly Hills, Sept à la maison), un maître en matière de matraquage des idéaux de l'Amérique traditionnelle, l'auteur du lamentable Pour le meilleur et pour le rire (2002) revisite pour l'occasion un standard des années 50 réalisé à l'époque par Walter Lang. Si l'idée de base et le titre demeurent fidèles à la première version – inspirée d'un livre autobiographique sur la famille Gilbreth, un couple d'ingénieurs industriels spécialisés dans l'étude du rendement qui tenta d'appliquer ses règles à une nichée de douze enfants –, l'adaptation de Levy met l'accent sur le sacrifice nécessaire et valorisé des parents face au dictat d'une tribu d'enfants rois, insupportables de toute puissance.
Interprétés par Steve Martin et Bonnie Hunt, apparemment dépassés par la mise en scène aussi bien que par les turpitudes de leurs chers petits, ces parents «modernes» se heurtent à la révolte générale le jour où ils prennent le parti de renouer avec leurs ambitions professionnelles sacrifiées sur l'autel de la procréation. Sur le mode grossier d'un comique de situation plus qu'attendu – crasses à la chaîne, maison sans dessus dessous au moment où la mère s'absente, etc. –, Treize à la douzaine porte bien haut l'étendard de cette Amérique nouvelle, bien blanche et policée, qui réactualise des principes qu'on souhaitait dépassés.