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Le temps des séries TV. Encore un après-midi de chien

Le temps des séries TV.

Après Lost, évoqué ici la semaine dernière, cet été de télévision nous a jusqu'ici gratifiés d'un autre étourdissant exercice de narration. Montrée sur France 2 le dimanche soir, encore pour quelques ultimes épisodes, The Nine méritera largement un rattrapage en DVD. Cette série a quelques vedettes à son actif, Kim Raver, vue dans 24 heures chrono, ou le vénérable Chi McBride, proviseur de Boston Public et patron d'hôpital dans Dr House. Mais passé les têtes connues, The Nine s'impose avant tout par sa construction. Nous sommes dans une banque attaquée par deux braqueurs. Ce vol tourne à la prise d'otages: neuf clients arrivés au mauvais moment, juste avant la fermeture de l'agence, resteront 52 heures aux mains de ceux qu'on imagine être leurs bourreaux.

The Nine a été créée par Hank Steinberg - à l'origine de FBI: Portés disparus -, ainsi que K.J. Steinberg et Alex Graves. La série a été interrompue par son réseau d'origine, ABC, au terme de sa première saison: il n'y aura donc pas de suite aux 13 épisodes prévus par France 2.

Le braquage vire à la catastrophe, police et médias s'en mêlent, et les cambrioleurs à la petite semaine perdent vite le contrôle de la situation. Plus tard, certains otages prendront la défense de leurs geôliers.

A ce stade, les cinéphiles ont les oreilles qui tintent: The Nine s'appuie manifestement sur Un Après-midi de chien (Dog Day Afternoon, 1975), grand film de Sidney Lumet dans lequel un Al Pacino dépassé par son propre cambriolage, se trouve piégé dans une banque avec une grappe d'otages qu'il n'avait pas souhaités. Avant de découvrir The Nine - 52 heures en enfer, on pouvait s'attendre à une variation sur Un Après-midi de chien bardée d'un minutage de la prise d'otages façon 24 heures chrono, avec effet de partage de l'écran.

Bien sûr, il n'en est rien. Une bonne série de TV s'inspire parfois du cinéma, mais elle ne le copie pas. Les auteurs de The Nine n'offrent rien du cliché qu'on présupposait. Ils ont le talent de façonner un récit complexe, détaillant la séquence de chaque personnage - avec un accent marqué sur les otages -, et, surtout, ils appliquent à leur récit une temporalité subtile.

Le pilote, le premier épisode, s'appelle «La libération»: jolie audace dans l'inversion du propos. Nous suivons en effet davantage la sortie des otages et leur vie après l'événement, les amitiés nées de leur épreuve, les liens ainsi tissés. Ces fameuses 52 heures vécues dans les locaux de la banque restent pour une bonne part hors champ, nourrissant la tension dramatique: que s'est-il vraiment passé?

Les scénaristes se réservaient des cartouches. Au moment où ils écrivaient, ils ne savaient quelle serait la durée totale de The Nine, l'interruption d'un feuilleton durant la première saison étant souvent tardive. Mais le déploiement de cette histoire sur une seule saison peut faire sa force. On le vérifiera, ou non, avec les derniers épisodes.