Les plus anciens? Les vénérables sociétés de lecture lémaniques. Le plus récent? Le café psycho proposé par un jeune couple en Gruyère. Chaque semaine de l'été, «Le Temps» présente un de ces salons romands, tous impatients de pouvoir à nouveau causer, débattre et réfléchir à propos de l’état de la Suisse et du monde.

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«Chaque mardi, viens débattre!» Une quarantaine d’étudiants répondent en moyenne à cette invitation et se retrouvent à Uni-Mail. «C’est ouvert à tous, mais il y a un noyau dur», précise Laura Kiraly, la présidente du Club genevois de débat. Le thème est choisi le soir même, au vote, parmi une petite liste de propositions. On forme des équipes, qui ont un quart d’heure pour se préparer. Les débatteurs auront ensuite quelques minutes chacun pour convaincre. Des «juges», comme un avocat ou un professeur de théâtre, interviennent parfois à la fin pour évaluer les prestations oratoires.

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Sur quoi portent ces affrontements d’improvisation? Cela va de sujets rappelant les dissertations scolaires («L’argent rend-il heureux?») aux questions de société amenées par l’actualité politique: «Faut-il interdire le port des signes religieux?» ou «La nouvelle norme sur l’homophobie est-elle utile?».

Le Club genevois de débat a vu le jour en 2012. Parmi les fondateurs, une majorité d’étudiants en droit. Animés par l’envie de débattre, de s’affirmer dans la prise de position, ils sentaient une lacune dans leur cursus. Comme en témoigne un étudiant d’aujourd’hui, Alexandre Borner, «quand vous vous retrouvez à 600 dans un auditoire de droit pénal, il n’est pas forcément facile de répondre au professeur».

«Une porte que l’on franchit pour se dépasser»

En 2020, dans une université déserte pour cause de coronavirus et d’été qui commence, le comité du club honore presque in corpore notre rendez-vous. Après huit ans d’existence, les participants viennent de toutes les facultés. «On sent bien des différences de sensibilité entre nous selon que nous étudions les sciences ou les lettres, mais c’est l’envie de débattre et de s’ouvrir aux idées des autres qui nous rassemble», note Eliane Bou Khalil, étudiante en interprétation et chargée de la communication du club.

«Tous ceux qui ont franchi cette porte ont voulu se dépasser», assure Laura Kiraly, avec un enthousiasme présidentiel. Une ambition qui n’exclut pas le plaisir de se retrouver: «Il est même arrivé que nous partions en vacances ensemble!» Une charte, du reste, le précise: le club doit «offrir un cadre empli de tendresse, où les membres trouvent l’énergie qui nourrira leur esprit». Pas de ricanement, pas de mépris pour les positions affichées, d’autant que l’on est souvent amené à en défendre une autre que la sienne, pour incommode que ce soit. «Ces séances sont importantes pour le développement de soi», confirme Alaa Mejri, étudiante en relations internationales.

Mais à tant débattre, ne finit-on pas par tout relativiser? «Cela nous amène certes à mettre de la nuance dans nos propos, mais j’ai constaté que ma position personnelle s’en trouvait renforcée à la fin de l’exercice», répond Krystal Claret, qui étudie les sciences politiques.

Notre série sur l'éloquence

Tournée des écoles

Si les mardis sont «le cœur battant de l’association», il y a d’autres activités. Interrompu par la pandémie, le programme «Genève débat» va reprendre, à l’intention des élèves de la première année du post-obligatoire, toutes filières confondues. Le club ne compte pas moins de 40 ambassadeurs aptes à faire la tournée des écoles, pour une formation sur deux périodes. Deux cents classes devraient en profiter durant la prochaine année scolaire. Des ateliers «Oser parler en public» ont par ailleurs été organisés à trois reprises déjà.

Mais la grande vitrine des jeunes débatteurs genevois est désormais le concours d’éloquence. Ouvert aux étudiants suisses romands, il se déroule dans les cantons jusqu’à la demi-finale. Le dernier acte se joue devant une salle comble, dans le plus grand auditoire d’Uni Dufour. Des personnalités du droit et des médias composent le jury.

Suspendue cette année pour cause de virus, la compétition aura lieu au printemps. Parole de présidente: «Nous visons les meilleurs orateurs de Suisse romande!»


Pour en savoir plus: Clubdedebat.ch