Tricky, le prince du trip-hop, a pris son temps pour chauffer Antigel

Concert Mercredi soir au Lignon,le chanteur de Bristol réunissait les générations

Les quadragénaires pensaient écouterdu trip-hop tandis que les plus jeunes venaient voir le Tricky du XXIe siècle. Impressions

A quoi carbure Tricky? Au super plus sans plomb ou au diesel? Disons que mercredi soir, la tête d’affiche du jour au festival Antigel a pris son temps pour se chauffer. Au point de laisser parfois Ajeya, sa choriste française, faire tout le boulot. Les filles, c’est d’ailleurs le credo des derniers albums du chanteur de Bristol qui se laissent volontiers couvrir de voix féminines.

Dans la Salle des fêtes du Lignon, on ne sait d’ailleurs pas trop qui le public est venu voir. Les quadragénaires bien tapés sont sans doute ici pour écouter le petit prince du trip-hop, celui qui berça leurs années de jeunes adultes avec Hell is Round the Corner , le mégatube qui l’a fait connaître en 1995. Les moins vieux, en revanche, ont fait le voyage pour l’autre Tricky, celui du XXIe siècle dont le Nicotine Love n’est ni plus très trip et encore moins hop, mais plus proche du rock, du jazz, du hip-hop et de l’électro. Sur scène, tout cela est parfois un peu mou et un poil répétitif. On sait que Tricky a ses jours avec et ses jours sans. Mercredi devait être pile entre les deux, vu la durée de presque deux heures de son concert. Ce qui fait preuve d’une belle générosité. Mais dire que Tricky chante serait en fait un grand mot. Il balance surtout des punchlines et martèle ce flow qui parle souvent d’amour de sa drôle de voix de reptile.

Et puis, d’un coup, le voilà qui bande son corps frêle de chat cabossé mais revenu de tout. En suivant une étrange chorégraphie, il lance ses bras en l’air et secoue la tête, un peu comme un boxeur se prépare pour entrer sur le ring. Derrière lui, la guitare et la batterie saturent la salle de sons. L’espace d’un instant, il redevient le Tricky inquiétant et un peu taré, le chanteur animal et habité. Et confirme dans la foulée que, du côté de Bristol, il ne fait toujours pas vraiment très gai.

Une heure quarante-sept de concert plus tard, Adrian Nicholas Matthews Thaws de son vrai nom, boucle son tour de piste. Le quadragénaire de tout à l’heure a vu une légende et tente une synthèse. Il cherche. Qu’est-ce que dit déjà Thierry Lhermitte à la fin du spot pour le Club Med? Ah oui. «C’est pas du tout le souvenir que j’en avais.»

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L’espace d’un instant,il redevient le Tricky inquiétant et un peu taré, ce chanteur animal et habité