Le Festival Tous Ecrans a l'excellente idée de consacrer l'une de ses soirées à l'œuvre de Pascal Greco. «Je suis quelqu’un de profondément attiré par l’image, qu’elle soit fixe ou en mouvement», disait en 2013 à ligature.ch ce photographe et réalisateur né à Genève à 1978. En parlant de mouvement, les trois films courts (une petite demi-heure en moyenne) qui seront présentés jeudi 12 novembre à Genève fusionnent avec un autre régime de temporalité: celui de la musique. «Super 8» (2008), réalisé en synergie avec le compositeur Kid Chocolat (alias Philippe Pellaud), «Nowhere» (2011) et «Stun» (2015) – avec Goodbye Ivan (alias Arnaud Ivan Sponar) au son – sont autant d'exercices magnifiquement réussis d'intrication visuelle et sonore dans lesquels on ne sait plus trop, heureusement, quelle voix d'expression dicte la route de l'autre.
L'expérience globale est hypnotique, mais joue selon les œuvres sur des registres différents. «Super 8» est un exercice de saccades, rythmé, une exploration cinétique urbaine ponctuée d'explosions de couleur. «Nowhere» et «Stun» et sont davantage contemplatifs. Ainsi du dernier d'entre eux - qui fut d'ailleurs présenté avec accompagnement live lors de l'édition de 2015 du Mapping Festival de Genève: co-réalisé avec la danseuse Stefania Cazzato, «Stun» touche à une forme de beauté élémentaire: le froid, le sec, l'humide. Des plans lents s'enchaînent, capturés dans une Hongkong embrumée, dans les alentours de la Grande-Dixence ou en Islande. Les minéralités de la ville et de la montagne deviennent alors autant de tableaux pointillistes, rendus comme organiques par la musique tour à tour pulsatile et échancrée d'Arnaud Ivan Sponar, et devant lesquels, de dos, Stefania Cazzato danse par esquisses. Une forme d'éloge de la beauté lente, parfaitement immersif.
Festival Tous Ecrans. Genève. Je 12 novembre, dès 21h45. Rens. www.tous-ecrans.com