Donald Marron aimait, pour lui et pour son établissement, les œuvres de son temps, et sa passion est née dans les années 70. L'exposition du MoMa couvre cette période, jusqu'au milieu des années 90. PaineWebber, comme ses concurrentes, achetait de l'art parce que c'est un investissement, de toutes les manières. La création contemporaine va avec le goût des riches clients dont la banque gère la fortune. Les œuvres servaient aussi à habiller les murs des halls et des bureaux. De l'audace, mais pas de provocation. Et il fallait que les acquisitions puissent s'accrocher: un petit dessin de Joseph Beuys (Gold Sculpture), plutôt qu'une grande installation de feutre dans laquelle les investisseurs se seraient pris les pieds.
L'exposition du MoMa, si elle n'est pas vraiment sage, a donc du maintien, et tous les grands noms de la fin du siècle y sont, avec une ou deux œuvres: Lucian Freud, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, De Kooning, Claes Oldenburg, Gerhard Richter, Warhol… L'œuvre la plus provocante est peut-être celle du Britannique Richard Long, qui a couvert une grande toile de l'empreinte de ses pieds trempés dans la boue de l'Avon, la rivière de son enfance. La plus intrigante est sans doute celle de Richard Serra, No Mandatory Patriotism (pas de patriotisme obligatoire), réalisée en 1989: deux très grands carrés noirs, qui font irrésistiblement penser au plan des deux tours du World Trade Center, détruites douze ans plus tard.
L'exposition UBS du MoMa («Contemporary Voices») a reçu un accueil mitigé du New York Times, qui fait le goût dans la ville. Les réserves du quotidien renvoient à la qualité de l'acheteur: un banquier n'aime pas toujours le risque autant qu'il le prétend. Il y a même un peu d'amour-propre froissé dans cette réaction. Car le nom de PaineWebber, qui a disparu de la raison sociale de la banque globale, a aussi été retiré dans l'exposition. «Don de UBS», dit l'affichage. Ces Suisses…