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Un canard théâtral prend son envol sur la Toile

Une jeune journaliste partage ses bonheurs d'insomniaque dans un journal en ligne.

Sa vie au théâtre. La journaliste Anne-Sylvie Sprenger ne jure que par ce transport nocturne. Cette théâtrophage et cinéphile de 28 ans, qui prépare à l'Université de Lausanne un mémoire de licence sur Brigitte Bardot et Marilyn Monroe, passe sa vie dans les salles obscures, au cinéma le lundi, au Théâtre de Vidy, au Poche de Genève ou ailleurs les autres soirs. Ses nuits plus belles que ses jours, elle les partage depuis le 15 novembre via www.vilainpetitcanard.ch, journal en ligne, hospitalier comme la première page d'un conte enfantin, qui propose à l'internaute critiques et interviews.

www.vilainpetitcanard.ch offre des points de vue choisis sur la scène romande, mais aussi le cinéma et la littérature. Les textes sont généralement courts et les avis plutôt tranchés – même s'ils pourraient être plus affirmés. Anne-Sylvie Sprenger en signe beaucoup, secondée par Grégoire Fazan, critique cinéma, et Virginie Pfeiffer, étudiante et projectionniste. Ce trio tente d'affirmer sa différence. Et la formule semble avoir trouvé son public. Anne-Sylvie Sprenger: «En janvier, nous avons dénombré10 000 visiteurs, soit plus de 300 par jour, cap symbolique. A partir de ce seuil, nous espérons attirer des annonceurs, histoire de financer une entreprise actuellement sans le sou.»

Cet engagement bénévole, parallèle à des activités lucratives, suscite la sympathie: une cinquantaine de messages sont parvenus ces dernières semaines à la rédaction, encourageant ces oiseaux de nuit à poursuivre leur vol. «L'actualité théâtrale en Suisse romande est extraordinairement dense, poursuit Anne-Sylvie Sprenger. Nombre de spectacles ne trouvent pas leur place dans les quotidiens. Notre ambition est de traiter aussi de ces créations.»

Son canard, Anne-Sylvie Sprenger rêve de le voir voguer loin. «Dans l'idéal, si la publicité suit, nous voudrions constituer une agence, vendre peut-être nos articles.» Pour le moment, seul prime le plaisir de partager ses illuminations d'insomniaque. «Nous voudrions sortir de la mare commune, explique encore la rédactrice. Au début, je n'osais pas être méchante. Je me suis libérée.» Ce bonheur de cancaner sans complexes devrait être l'atout maître du journal.

http://www.vilainpetitcanard.ch