C’était la grande absente de la conférence de presse de ce mercredi, à peine citée du bout des lèvres par un conseiller fédéral sous plexiglas. Et pourtant: des cinémas aux musées, des salles de concerts aux théâtres, la culture fait partie des secteurs qui resteront paralysés jusqu’à fin février. Pas de surprise pour les acteurs du milieu, qui accueillent la nouvelle avec une certaine résignation – voire un soupçon d’optimisme. «Prendre des mesures fermes aujourd’hui permettra peut-être de faire avancer les choses. Et nous préférons rester fermés plus longtemps si cela nous permet de rouvrir dans de bonnes conditions», estime Anya della Croce, coordinatrice romande de Petzi, la Fédération suisse des clubs et des festivals de musiques actuelles.

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Rester fermés, oui, mais bénéficier d’indemnités plus rapidement et plus simplement – l’une des promesses du jour du Conseil fédéral. «L’enjeu reste leur mise en œuvre au niveau cantonal, souligne Anya della Croce. En Suisse romande, le système est plutôt efficace, mais dans plusieurs cantons alémaniques, les formulaires de demande pour les cas de rigueur ne sont même pas encore disponibles. Certains établissements ne peuvent plus attendre.»

L’attente, et l’incertitude aussi quant à la continuité créative. «On s’est battus pour que les artistes puissent continuer à travailler, répéter, et on espère que ce sera toujours le cas, note Anya della Croce. Si on tire totalement la prise, dans quel état retrouvera-t-on cet écosystème?»


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«C’est ubuesque»

Autre écosystème culturel ébranlé: celui du livre. Considérées, tout comme en mars dernier, commerces non essentiels, les librairies devront fermer leurs portes lundi prochain. Secrétaire général de la faîtière Livre suisse, Olivier Babel déchante. «Nous avions plaidé pour le statut du livre comme bien essentiel mais n’avons pas été entendus. On pourra donc acheter du matériel photographique, des revues ou de la papeterie, mais pas de livres. C’est ubuesque. Et quid des librairies qui vendent aussi de la papeterie?»

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Pour l’instant, Olivier Babel n’a pas de réponse aux questions des nombreux libraires qui l’appellent déjà, paniqués. «Comment mettre place le click & collect, est-ce que les clients viendront chercher leurs commandes en magasin ou sur le trottoir… le livre continuera à circuler, les libraires à travailler. Mais à peine relèvent-ils la tête qu’on déroule de nouveau le tapis rouge à Amazon.»

Du côté des musées, on juge cohérente la fermeture des magasins. «Il n’y avait pas de raison que les commerces non essentiels restent ouverts et non les musées», estime Isabelle Raboud-Schüle, présidente de l’Association des musées suisses (AMS). Pour la suite, elle souhaite avant tout que les institutions muséales trouvent leur juste place sur la carte fédérale. «Lieux de loisirs», «activités culturelles», «divertissement»: les musées ont été traités de tous les noms ces derniers mois. Il faudrait parler de la culture avec un peu plus de discernement…»

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