Un solo méditatif comme une réparation intérieure
Danse
Pascal Gravat se confie par une danse aérienne dans «Lumière», au Théâtre du Galpon
Un solo comme une réparation intérieure
Pascal Gravat se confie par une danse aérienne dans «Lumière»
C’est beau un homme qui danse. Et c’est spécialement beau de voir Pascal Gravat dans cet exercice de mouvements déliés, fluides, réconciliés. Car, depuis quinze ans, le fondateur de la compagnie genevoise Quivala avec Prisca Harsch s’illustre dans des formes qui regardent plus du côté du théâtre ou de la musique que de la «danse dansée». Mais, à 58 ans, après une tempête personnelle, l’artiste a eu besoin de se rassembler. Il le dit en préambule à Lumière, solo doux et méditatif qui se déploie de manière sensible sur les éclairages de Jean-Michel Broillet et les projections vidéo de Laurent Valdès. Quant à la musique, une libre adaptation de Für Alina, partition culte du minimaliste Arvo Pärt, elle raconte aussi ce temps suspendu, ce moment de répit bienvenu.
On a tous une danse à soi. Une danse qui naît spontanément sous nos talons. C’est la conviction de Pascal Gravat, formé chez Jean-Claude Gallotta, chorégraphe phare des années 1980. Le style Gallotta? Rapide, énergique, qui joue sur l’ampleur et les contrastes entre les danseurs. L’artiste, qui a la charge du Centre chorégraphique national de Grenoble, a souvent mêlé des corps et des âges différents de sorte à restituer la vie. Pendant quinze ans, Pascal Gravat a partagé le quotidien de cette compagnie. «J’avais fait le tour du mouvement», dit-il aujourd’hui en se rappelant son sentiment à la fin des années 1999, lorsqu’il a créé la compagnie Quivala. A Genève, le couple Harsch-Gravat a dès lors initié une quête de l’intime à travers des formes – portraits, textes, films, concerts – éloignées du ballet.
Jusqu’à la libération
C’est donc la première fois que, durant une heure, on voit Pascal Gravat danser. Une danse très aérienne, verticale, faite de pas rapides, de sauts, de pirouettes. Une danse exigeante pour ses presque 60 ans. «Je vais me faire masser tous les lendemains matin», confie-t-il après la représentation. Pas de position au sol dans ce solo, si ce n’est dans la troisième partie, une parenthèse fœtale où, sur des taches vertes, le danseur roule sur le dos. Sinon, le danseur est altier, port de bras à la Dominique Bagouet, jeux de mains aussi qui font mine de capter l’air, de quoi ranimer les poumons vidés. Le théâtre aussi fait une courte apparition. En voix off, Jean-Charles Fontana profère un extrait de La Machine infernale, de Cocteau, et surgissent alors des idées de fuite, de chimères et de libération.
Coup de théâtre enfin, en conclusion, dont on ne dévoilera rien! On relève en revanche la force de ce solo à la fois léger et grave où le danseur se relève en douceur.
Lumière, jusqu’au 6 avril, au Théâtre du Galpon, à Genève, 022 321 21 76, billet@galpon.ch