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Cette singularité qui, cinq fois par siècle embrase la région veveysanne, n’est pas une fête comme les autres. Célébrant la noblesse du travail de la terre, elle convoque le sentiment d’une sorte de religion profane. Elle plonge ses racines dans la nuit des temps pour exprimer l’âme d’une région. Elle carbure à la ferveur populaire.
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Toutes générations confondues, ils sont des milliers à sacrifier vacances, week-ends et soirées pour répéter. Seule l’énergie qui les transporte garantit la pérennité de l’événement, motive la folie que représente l’édification d’une arène géante. A l’inverse d’autres grands shows professionnels qui en mettent plein les yeux, comme Holiday on Ice ou la tournée d’adieu d’Elton John, le spectacle veveysan recèle de minuscules imperfections. Une carte de jass se balance à contretemps, une fillette aide sa benjamine à rajuster sa jupe, un âne renâcle… Quelle importance? Ces infimes accrocs dans l’engagement collectif sont une plus-value humaine.
Pour Daniele Finzi Pasca, être sur scène, c’est «projeter de la lumière». Les figurants irradient. La Fête permet aux Vaudois, peu expansifs par nature, de sortir de leur coquille, de respirer, de rayonner. Le sentiment d’euphorie déborde de l’arène. Il enchante la ville, les quais paisibles où l’on croise des sauterelles humaines ou des armaillis portant un cor des Alpes.
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A minuit et demi, quand le train s’arrête à Lausanne, un Confrère vigneron debout près de la portière salue les gens qui descendent du train, comme des convives qu’il aurait raccompagnés à la porte de leur maison. La Fête resplendit des kilomètres à la ronde. Elle fait croire à la fraternité humaine.