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Une île de mathématiciens

Après Lilliput et Brobdingnag, Gulliver arrive à l'île flottante de

Après Lilliput et Brobdingnag, Gulliver arrive à l'île flottante de Laputa, qui a la particularité de se déplacer dans les airs, en largeur et en hauteur. Ses habitants, plutôt aimables, errent dans un état de distraction perpétuelle, obsédés qu'ils sont par les mesures astronomiques et les figures géométriques. Mais ils sont incapables d'en tirer des enseignements pratiques. Pour attirer leur attention, il faut agiter à leurs oreilles de très sonores percussions.

«Sa Majesté avait ordonné qu'on fît avancer son île vers Lagado, qui est la capitale de son royaume de terre ferme, et ensuite vers quelques villes et villages, pour recevoir les requêtes de ses sujets. On jeta pour cela plusieurs ficelles avec de petits plombs au bout, afin que le peuple attachât ses placets à ces ficelles, qu'on tirait ensuite, et qui semblaient en l'air autant de cerfs-volants. Quelquefois nous recevions du vin et des comestibles qu'on montait par des poulies.

La connaissance que j'avais des mathématiques m'aida beaucoup à comprendre leur façon de parler et leurs métaphores tirées la plupart des mathématiques et de la musique, dans laquelle je suis aussi quelque peu versé. Toutes leurs idées s'exprimaient en lignes et en figures. [...]»

Les Voyages de Gulliver. De Jonathan Swift (1727).