Les éditions passent est se ressemblent au Verbier Festival. A l'heure des premiers bilans, pas tout à fait définitifs, la 13e cuvée de la manifestation valaisanne qui vient de fermer ses portes dimanche soir confirme une fois de plus un solide succès de fréquentation. Les chiffres font état d'une progression importante du nombre de spectateurs: la billetterie affiche désormais 2,2 millions de francs d'entrées, ce qui représente 52% du budget total du festival. Elément le plus retentissant de cet engouement, la salle Médran a connu à cinq reprises les guichets fermés.

Ogrintchouk en maître

Les derniers jours du festival auront été aussi marqués par quelques concerts somptueux. A commencer par celui, jeudi soir, du hautboïste Alexei Ogrintchouk. Entouré par une palette d'amis musiciens (notamment Julien Hardy au basson, Alexander Gurning au piano, Matthew Jones à l'alto, Joseph Anderer au cor et les éléments du Quatuor Badke), le Moscovite a démontré qu'il reste un des grands spécialistes de l'instrument à deux anches. Fluide et impérial dans Quintette pour hautbois et quintette à cordes op. 107 d'Anton Reicha, Ogrintchouk a fait étalage de toute sa maîtrise technique dans ce véritable concentré de virtuosité qu'est le Morceau de Salon pour hautbois et piano de Johann Wenzel Kalliwoda. Il a enfin convaincu à la tête d'un orchestre de chambre aux plans dynamiques très sophistiqués avec une version arrangée de Pierre et le Loup de Prokofiev.

Quintette mémorable

Le lendemain, dans les murs de la même église, Leif Ove Andsnes et Hakan Hardenberger n'ont pas connu le même bonheur. A l'exclusion du très réussi dernier mouvement, la Sonate pour trompette et piano de Paul Hindemith a donné l'impression d'un décollement quasi permanent entre les deux interprètes: trop discret le piano de Andsnes, trop présents les forte de Hardenberger. La deuxième partie de soirée fera oublier la déconvenue, lorsque le pianiste, en compagnie du clarinettiste Martin Fröst, du corniste Joseph Anderer, du hautboïste Alexei Ogrintchouk et du basson Julien Hardy, livrait une version limpide du Quintette K.452 de Mozart, avec un mémorable «Rondo: Allegretto» final.